parfois, c'est comme si les astres s'alignaient pour vous pourrir la vie. la journée bien débutée pourtant, par une matinée entière de sport. la piscine, cette sensation de liberté quand ton corps hâlé fuse dans l'eau. les piques habituelles, la compétition qui règne au sein du groupe. t'as l'habitude, parfaitement à l'aise avec ça. et le repas de midi, du poulet parfaitement cuisiné, et voilà yeray requinqué pour l'après-midi. c'est là que la merde a commencé. à cause de ce crétin de josh, un cromwell avec qui tu t'es retrouvé en cours de science. de tous les autres élèves, c'est avec lui que cet enfoiré de professeur t'as matché. de vieilles rancoeurs, une histoire de fille, comme d'habitude. ça date d'il y a longtemps, trois ou quatre ans, tu ne sais même plus les détails. oubliés, évanouis. mais depuis, josh et toi, c'est pas l'amour fou. des étincelles, des coups bas. alors quand, comme par hasard, cette fiole pleine de liquide verdâtre, t'es tombée dessus, t'as pas pu résister. en te levant, ton pied a déséquilibre sa chaise. et vous voilà tous les deux en retenue. alors quand t'es enfin libéré, vingt-et-une heure qui sonne, la journée terminée. t'es tendu. mâchoire crispée, poings serrés. heureusement, josh qui emprunte rapidement l'autre couloir, sans quoi t'aurais hésité à lui rentrer dedans. pour lui faire comprendre que c'est toi le loup, le dominant. mais dans un rare éclair de lucidité, tu préfères t'éloigner dans l'autre sens.

— tu fais quoi yeray ? un autre élève, un falcone. aux bras de sa copine, il te regarde intrigué, ayant sans doute remarqué ta tronche d'enterrement. distance de sécurité qu'il garde entre vous, comme connaisseur du danger que tu représentes en ce moment. — rien, en retenue avec ce connard de josh. je vais prendre l'air. parce que t'as passé la moitié de la journée énervée à vouloir cogner l'autre abruti. parce que t'as déjà imaginé milles manières de lui faire payer. mais faut que tu te calmes. tu pourrais rentrer chez les falcone, t'évader avec du baby-foot, à rigoler avec les autres. mais sans que tu ne t'en rendes vraiment compte, tes pas qui t'amènent dehors. c'est pas plus mal. le ciel gris comme pour faire écho à ton humeur, menaçant, les nuages prêts à se déchaîner à tout moment. tant pis. tes semelles qui crissent sur le gravier, t'es plus qu'une ombre parmi les ombres, t'enfonçant dans la forêt. tu ignores combien de temps tu marches, entouré d'arbres centenaires, sans doute. l'esprit qui divague, qui pense à tout, à rien. tu remarques que t'as peut-être marché un peu longtemps quand le silence t'enveloppe. les insectes qui bourdonnent. le vent qui secoue les branches, une chouette qui s'envole devant toi, te faisant tressaillir. — putain. et tout à coup, cette étrange impression de ne plus être seul. stoppant ton avancée, tu regardes autour de toi, tentant de comprendre si t'es réellement seul. ou pas.

défi corvus - passer une nuit en forêt sans matériel.