Big bad wolf Elior est en chasse, de façon constante, presque frénétique. Le loup ne tient pas en place, a pour tic de se lécher la lèvre inférieure quand son regard se perd sur un potentiel quatre-heures. C’est que ça creuse de se terrer dans la bergerie, quand bien même la sienne s’apparente davantage à une académie centenaire qu’à un enclos précaire sur lequel il pourrait souffler, souffler, souffler.
Narcissistic pervert Big Bad Wolf arbore un faciès lénifiant, se pavane d’une démarche religieusement étudiée et pare le moindre de ses mots d’une irrévérencieuse bienséance. Loin d’une quelconque hypocrisie, l’abominable créature trouve satisfaction dans la séduction. Sous toutes ses formes. Quoi de plus délectable qu’une proie qui abaisse d’elle-même sa garde ? L’argent et le pouvoir n’ont aucune saveur à ses yeux. Il n’y a que l’amour de la chasse qui sache aiguiser l’appétit d’un loup solitaire et le faire sortir de son bois. Alors, Elior n’accepte que les tâches à même de le rassasier, s'accrédite du privilège de pouvoir trier ses fréquentations sur le volet et ses amant(e)s plus encore. Narcissistic pervert.
Sick of it all Elior est malade et la dystrophie musculaire de Becker qui ronge ses entrailles diminue à chaque instant sa capacité à faire face à l'adversité, réveillant des souvenirs d’enfance qu’il préférerait oublier, attisant sa paranoïa quand la moindre proposition d’aide résonne à ses oreilles comme un semblant de pitié, décuplant les plus sombres aspects de sa personnalité. Jusqu’à ce que le contrôle d’autrui ne devienne une nécessité pour compenser face à celui qu’il perd peu à peu.

Long live the queen Pression monumentale qui pèse sur les frêles épaules. Elle n'en montre rien, fière comme un paon, déroulant ses plumes sous forme de robes haute couture. Héritière d'une entreprise connue mondialement, son nom est sur toutes les lèvres... Mais rares sont ceux à connaître l'ignoble vérité. Famille déchirée, mariage dévasté, le paraître est la seule chose qui parvient à les unir un tant soit peu. Ambiance pesante, la gamine évite avec un soin monumental de se retrouver dans la maison familiale. Un rien pourrait tout faire basculer, et le père est suffisamment influent pour briser la vie de quiconque si sa fille et l'image parfaite qu'ils s'efforcent tous d'entretenir devait être menacée. Peur constante, gouffre béant dans l'estomac d'être à nouveau déçue : exigence nécessaire, tri sur le volet des rares personnes qui auront la chance d'apparaître à ses côtés, et elle gardera toujours une distance émotionnelle agaçante. Personne ne la connaît réellement, princesse fantôme lévitant sur le lac des cygnes.
Undisclosed desires Comme une manière de plus de ruiner sa vie, besoin viscéral et lancinant de briser cette image de femme parfaite qui lui colle à la peau pour les bienfaits d'une famille pour qui elle ne ressent qu'un dédain grandissant, Amabella ne vit que pour le plaisir. Les flirts sont constants, les soirées échaudées s'additionnent plus que de raison ; besoin d'être aimée pendant quelques instants pour ce qu'elle est, elle écume les boîtes de nuit à la recherche de sa proie pour la soirée (et d'un appartement où rester). Il paraîtrait qu'elle repart chaque fois avec un petit souvenir, mais les rumeurs sont floues : argent, objets, du sang sur le plancher, virginité volée. Veuve noire prête à tout pour exister, quitte à perdre ses ailes ou à les teinter d'un noir de jais. Autodestruction enclenchée.
Dance of the cygnets Le corps en suspension, le palpitant qui bat à tout rompre tandis que les mouvements s'accélèrent, que la respiration devient erratique, que les notes explosent. La danse comme rédemption, la danse comme expiation, Amabella ne vit que sur le plancher du théâtre où officie sa troupe. Rêves d'opéra depuis toute petite, elle brûle de le vivre grâce à la seule sueur de son front, sans la participation et la corruption écœurante de son nom. Cygne noir qui retrouve sa pureté d'albâtre quand elle oscille entre danse classique et hip-hop, il n'y a rien qu'elle ne sache ou n'aime danser. C'est dans ces moments de pur bonheur qu'elle revit, devient capable d'encaisser les difficultés du lendemain et que le phœnix renaît de ses cendres encore fumantes. Poésie vivante qui crée des arabesques éthérées, frôle du bout des doigts les nuages pour s'écraser de nouveau en enfer quand la mélopée se meurt dans un dernier soupir.

All empires fall, eventually Ambition qui dévore, ambition qui étrangle. Il est fait pour régner, petit prince de son état ayant à jamais délaissé sa rose, espoir d'une rédemption étouffée à même le verre qui la recouvrait. Vie parfaite en apparence, gamin à jamais insatisfait des richesses de ce monde, décidé depuis la plus tendre enfance à gouverner plutôt qu'à servir. Il a l'âme d'un Napoléon Bonaparte, la prestance d'une Frida Kahlo et la délicatesse d'un Donald Trump. Rien ni personne ne pourra l'arrêter, c'est une promesse qu'il a proféré.
King of the fall Parce qu'un roi n'est rien sans ses sujets, Sorn a su s'entourer pour que les bassesses ne soient jamais l’œuvre de ses mains d'une pureté hypocrite et dérangeante. Sbires qu'il a su convaincre, ombre parmi les décombres encore fumants d'une école inégale et où régnaient les inégalités sociales, murmurant aux oreilles comme un marionnettiste avisé. Harcèlement déguisé, de la colle laissée sur les chaises, de l'encre vidée dans les casiers, tous les moyens étaient bons pour briser le mental de ces insectes et les pousser à travailler pour lui afin d'être (enfin, peut-être) tranquilles. Il les a poussé, lentement mais sûrement, à devenir bourreaux plutôt que victimes. Sorn est intouchable puisqu'il n'a jamais rien fait...
Skeleton in the closet Il est l'intouchable, il est le roi, il est le danger. Et pourtant, dans les tréfonds de ses tripes se cache les méandres chaotiques d'une fierté bafouée. Le petit garçon qui craint l'ombre menaçante qui s'avance vers lui, tapis dans un coin. "Ne le touche pas ! Frappe-moi à la place !" il a gueulé jusqu'à s'en déchirer les cordes vocales. Dès lors qu'il faisait quelque chose de mal, c'est son petit frère qui prenait les coups, encaissait l'enfermement, punition qui n'incombait qu'à lui et lui seul. Murs qu'il a barricadé autour de son corps frêle, prison d'acier qu'il a réservé à son palpitant traumatisé. Culpabilité qui le ronge toujours, incapable de revoir la chair meurtrie et les cicatrices qui inondent ce corps similaire au sien, ce corps duquel il partage le sang (ce sang qu'il a vu couler). Manger ou être mangé... Sorn a décidé d'être bourreau pour ne plus jamais être en position de faiblesse pour protéger (dans la douleur). Pauvre petite chose cassée...

The evil queen Fille d'une famille nombreuse, mortellement jalouse de sa fratrie d'avoir toujours été le vilain petit canard, Bonnie s'est soudainement mise à détester ses nièces et neveux. Elle a essayé, fort, de les aimer. Elle les prenait dans ses bras, leur faisait des risettes, leur offrait des cadeaux... Mais rien. Pas d'amour, seulement du dégoût. Il faut dire que l'annonce de sa stérilité ne l'a absolument pas aidé à développer un instinct maternel... Sans citer la fille de son frère, première nièce a avoir pointé le bout de son nez. Ses yeux bleus et ses boucles blondes ont suscité une haine viscérale en Bonnie, n'ayant de cesse de la taquiner, de lui faire mal "sans jamais le vouloir" et de l'harceler sous couvert d'une fausse inquiétude. Mocheté.
Good girl gone bad Bonnie tisse sa toile. À l’abri des regards indiscrets, adossée à son pupitre, un sourire carnassier aux bords des lèvres. Le faciès impassible, les intentions insoupçonnées. Elle a les règles, les limites et les traditions en abomination. Tout devrait être ouvert à la remise en question et à la réévaluation, alors elle agit, promulgue ses méthodes et ses idées, parfois indélicates, presque jamais orthodoxes.
Big little lies Bonnie n’a aucun scrupule à mentir, tromper, tricher ou voler. D’un égoïsme innommable, elle n'éprouve qu’indifférence et dédain à l’égard des conséquences de ses actes et méfaits. Plus encore, la souffrance des autres ne lui importe que si elle apprécie la personne concernée ou si elle est susceptible d’en tirer une quelconque contrepartie.