La pointe de ton stylo à encre glisse sur le papier épais de ton carnet dont la reliure en cuir se veut fatigué par les années qui ont défilées. A l'image de ton inconscience qui a trouvé refuge dans un silence serein et protecteur, la couverture de ton vieux compagnon de route s’abîme mais demeure fort. La pointe de ton style à encre laisse s'écouler nombre de lignes que tu ne parviens même plus à compter tellement tout est rapide. Le flot des idées se joint à la mémoire pour gagner en vitesse sur la voile de ton esprit. Il faut dire que les alentours qui bordent l'ensemble du domaine est magnifique, agréable pour les yeux – mais également pour prendre le large. Le recul ne manque jamais le panel que possède ton tempérament mais cet endroit figure parmi la liste des endroits qui pousse l'inspiration de manière inné. Assis à même le sable blanc dont la chaleur témoigne de la période estivale, tu regretterais presque de ne pas avoir pensé à prendre ton maillot et ta planche de surf pour  flirter avec la puissance des vagues qui sont plus clémentes à cette époque de l'année. Certains de tes camarades ne ce sont pas fait priés et loin de les envier de préférais coucher sur papier les bribes d'idées qui fourmillaient dans ta tête. Depuis le début des vacances scolaires, tu as tendance à te chercher davantage la solitude, un besoin grandissant qui ne cesse de fleurir lorsque vient la date annuelle que ta famille – toi y compris – signe comme un jour de deuil. Après la mort de ta figure maternelle, vous aviez pris le plis de sortir tous les trois pour la visiter, lui rendre hommage en songeant à elle avec optimisme et l'ombre de vos sourires sincères. Tous les ans, c'est un refrain traditionnel qui se joue sur une confiance et une complicité que ton père tient à revivre pour profiter de chaque instant avec toi et Liam. Seulement, cette année sera quelque peu différente car ton père est en voyage d'affaire à l'autre bout du pays. Navré, tu avais ressenti la teinte de culpabilité qui résonnait dans sa voix et tu ne tenais pas à ce qu'il se mette la pression pour rien. Toi et ton petit frère feraient en sorte de respecter la coutume, d'ailleurs Lee était des plus ravis. Ce dernier étant chez son meilleur ami, tu en avais profiter pour prendre ton vélo et venir en ces lieux que tu finirais pas retrouver dans quelques semaines. Une brise légère vient soulever quelques mèches rebelles qui sortent de ton chignon flou alors que tournes pour vernir une autre page de ta plume qui semble alimenté d'inspiration. Ton cellulaire bourdonne tel un grillon dans la poche de ton sac mais tu ne sembles guère t'en inquiéter car la voix charmeuse et conteuse de Brel vient ambiancer tes deux oreilles. Ce n'est que lorsqu'on te retire tes écouteurs de derrière que tu sursautes quelque peu. Les effluves du parfum de ton meilleur ami venant calmer le tambourin qui palpite dans ta poitrine.  Tu te détournes pour le toiser d'une expression réprobatrice avant de le considérant d'un franc sourire.