le défi.
la lueur du feu dans ses yeux à elle qui n’sert qu’à renvoyer à son propre brasier qu’il a dans les tripes, l’répand dans ses prunelles à lui et les incendies ardents s’reflètent l’un et l’autre.
l’appel à son intelligence comme provocation, c’est possiblement sa stupidité qui y répond favorablement – ironie. stupidité qui cherche à prouver la supériorité de cette dite intelligence.
l’enquête à travers toute l’académie – ou plutôt chasse aux trésors. pour retrouver le fameux objet caché – peu importe sa valeur, ce n’est pas tant l’objet qui compte mais s’il arrive à le traquer et mettre la main dessus ; c’est même probablement une simple montre qu’elle a gagné à une fête foraine.
les indices éparpillés partout ; qui ne mènent pas à un autre indice, il faut qu’il utilise son cerveau et regroupe certains pour qu’ils aient du sens. des indices qu’il ne connaît pas ; ni de forme, ni de fond. qu’il va devoir découvrir et décrypter.
la nuit comme élément principal et primordial de la mise en scène. parce que la solitude, le vide et l’espace qui vont de paire avec la nuit sont plus importants que jamais pour lui. parce que dans l’obscurité ambiante, tout est perçu différemment.
le défi.
la lueur, l’appel, l’enquête, les indices, la nuit.
c’est ainsi que panayiotis se retrouve à errer dans la pénombre de l’école avec un but bien précis et particulier.
le silence est non-existant. l’existence d’un mot pour une chose qui n’a jamais véritablement existé.
on pourrait le penser.
l’atmosphère lourde et pesante à l’agora, sans tout le vacarme habituel qui décore les lieux. on pourrait penser que c’est
ça, le silence. cette pression invisible qui vient caresser les épaules pour appuyer presque imperceptiblement dessus, et s’immiscer dans l’inconscient comme une hantise.
mais ce n’est pas un
vrai silence.
les bruits hasardeux lointains de voitures qui se seraient perdues dans l’coin. la tuyauterie qui s’exprime enfin loin de tous ces étudiants. et surtout les pas de l’enquête amateur qui tape, frappe sur le sol, résonne, retentit contre les murs qui communiquent eux aussi.
démarche déterminée et confiante, il est proche du but. il le sent, il le sait.
c’est peut-être trop sûr de lui, c’est peut-être trop égocentrique qu’il ne se doute pas un seul instant de ce qui est sur l’point de lui arriver, et qu’il n’aura pas l’temps de réagir.
rapidement, il s’aperçoit qu’il n’est pas seul dans les parages. la lumière de la chambre froide allumée, les yeux qui la captent immédiatement comme un contraste presque violent avec la noirceur environnante, et les bruits – pourtant discrets – qui accompagnent le rythme de sa respiration.
sourcils froncés, évidemment sa curiosité est titillée et il n’met qu’une petite seconde à céder avant de se diriger vers le foyer de ces sonorités.
une voix qu’il connaît.
une voix qui a peur.
une voix qu’il n’arrive pas à s’remettre.
absolument pas l’temps de dire ou d’faire quelque chose, son dernier pas précipite et provoque un mécanisme implanté, piégé ; la porte de la chambre froide se referme brusquement, le frappant violemment et le projetant à l’intérieur.
l’autre personne – jeune femme, à l’évidence – est bousculée aussi, panayiotis a l’premier réflexe de la rattraper avant qu’elle n’puisse tomber ou s’cogner à en s’faire mal aussi. mais son poids sur son bras qui vient d’être asséné d’un sale coup, il grimace de douleur.
– du calme tigresse, j’vais pas t’faire de mal. » sauf que c’est ce qu’un prédateur dirait aussi. alors, pour accompagner ses paroles et prouver sa bonne intention, il la lâche et s’éloigne d’elle. il n’va pas risquer d’se faire frapper et mouiller par du jus d’orange. probablement qu’il se transformerait en glaçon à l’arrière goût d’orange, alors que son corps ressent rapidement la température ambiante.
lumière de merde qui déglingue la rétine, mais lumière quand même. dans les reflets ombragés, il arrive à reconnaître l’visage comme une étudiante qu’il a en classe – filière scientifique ? et peut-être plus, il a la sensation de la voir un peu plus souvent que juste derrière un bureau d’bois – (conseil des élèves et cheerleading). impossible de s’remettre l’nom, par contre. il n’a pas créé de lien avec elle.
– promenade nocturne ? » aucune animosité ou remontrance dans sa voix absolument neutre.
pas non plus d’attente de réponse alors qu’il essaie d’ouvrir la porte. fermée et pas de possibilité de l’ouvrir de l’intérieur. tentative futile presque infantile de donner un p’tit coup dedans pour tester sa résistance – grande, évidemment.
super, ils sont bel et bien bloqués.
et il grimace de la souffrance physique qui se diffuse dans son bras droit.
(
@medea de loughrey )