i've been waitin' for this one
@medea de loughrey

l’idée de se laisser mourir de faim plutôt que de faire la queue à l’agora lui avait déjà traversé l’esprit, et ça à plusieurs reprises. premièrement, l’attente était toujours trop longue. deuxième, la nourriture n’était pas fameuse. damn, elle n’avait pas été étonnée de voir l’ouverture du café des dames. le nom portait à discussion mais au moins là-bas, la nourriture valait bien son pesant d’or. et troisièmement, cela l’obligeait à assister à cette comédie humaine dont elle s’est toujours efforcée d’éviter. l’enfer, c’est les autres qu’écrivait sartre - il aurait sans doute eu besoin de voir l’agora de clayesmore pour se rendre compte à quel point cela était vrai. tel un mouton répondant l’appel du berger, demetra restait nonchalante dans la file à peine délimitée par des inscriptions au sol. à quoi bon, tout le monde finit par connaître parfaitement le chemin vers le banquet royal. le plateau est vide mais loin d’être léger - on apprécie l’effort. elle attrape un verre ainsi qu’un set de couvert sans oublier quelques serviettes. le plateau suit le rail se remplissant de quelques tranches de concombre, d’un plat principal composé d’une purée de pomme de terre accompagnée de brocolis et d’une tranche de poisson ainsi qu’une pomme en guise de dessert. elle n’avait pas grandement faim et ce n’était pas la vue de son plateau qui allait lui ouvrir l’appétit. ce n’était que la première semaine.

le plateau en main, demetra fait face à l’immensité de cet espace. ses yeux sont éblouies par la lumière qui illumine la pièce. manger seule ne l’a jamais dérangée - voir l’arranger. elle préférait mettre ses écouteurs et écouter un podcast que de partager son repas avec des personnes pour lesquelles elle ne portait pas d’estime particulière. néanmoins, elle scanne rapidement les tables occupées afin d’identifier des visages connus qu’elle apprécierait. tiens, ce ne serait pas medea de loughrey que j’aperçois là-bas se disait-elle à elle-même. elle restait figée encore deux à trois minutes avant de s’orienter vers la table qui semblait être occupée par medea.

finalement, ce repas allait être plus agité que prévu et dans un sens ce n’était pas plus mal. elle avait rencontré la jeune femme dès sa première année, dès la première semaine et quelque chose s’est produit entre elles. demetra n’avait pas eu beaucoup d’occasion de rencontrer des personnes avec qui elle pouvait avoir « des atomes crochus » depuis elles ne se sont jamais perdues de vue. medea, l’amie inespérée.

elle pose son plateau sur la table de manière à créer un bruit attestant de sa présence. les épaules de medea ne sursaute même pas, rien d’étonnant. « ça coûte quoi, 20k pour être scolarisé dans cette école qui prépare les futures élites de la nation et ils ne sont pas fichu de nous proposer un truc qui ne ressemblerait pas à du vomi. » à ce point, les sourcils ne se haussent même plus. demetra s’installe sans attendre quelconque permission, elle n’en a pas besoin. elle prend place aux côtés de medea, jamais en face. rien de mieux que d’avoir la même vue à contempler. ça permet d’éviter les torticolis - promesse d’amie.