le pas pressé, l'interminable king lear contre la poitrine qui pourrait aussi bien servir d'arme que de bouclier ou de cale porte si seulement elle avait le temps de ralentir la cadence martiale : pas inquiète d'être au retard, c'est une fuite plutôt qu'une course après le temps. hâtive de vouloir à tout prix se barrer - traduire : échapper à un énième sermon dès le départ pour avoir osé pour une introduction trop incisive et surtout, trop insolente. le patronyme résonne derrière elle, aurora clare aboyé, d'un employé administratif qui entend bien lui remettre la main dessus ou au moins l'arrêter pour rappeler un vague semblant de règlement. brider la liberté ou tout du moins espérer qu'elle fera allégeance à l'autorité de clayesmore cette année et cessera de se faire remarquer. l'impact est minimal, de toute façon  s'il entend briser tout le sass contenu dans un esprit frontalement contradictoire il perd son temps. l'épaule heurte un quatrième année sans s'excuser, le regard ne se relève même pas pour tenter une oeillade d'excuse -il faudra que le reste du monde face avec son manque de courtoisie chronique- parce que tout ce qui l'obsède c'est qu'elle entend parfaitement les talons de l'autorité heurter le sol après elle. c'est un minuscule séisme qui n'est qu'une alerte : elle ne s'en tirera pas comme ça. à moins que.
à moins que, arrivée dans le hall comme dans le grand bain les yeux se rivent au hasard sur un garçon. l'eye contact est bref pour ne pas dire anecdotique mais il n'en faut pas plus pour précipiter un embryon d'idée. "je peux savoir ce qu'il t'a pris toi ?!" mugit à son attention bien assez fort pour résonner couper court à de multiples conversations et faire tourner des faces pour l'instant curieuses mais qui ne devraient pas tarder à muer en affamés de drama. rien de tel pour commencer l'année qu'une histoire à se raconter au réfectoire. les dernières mètres avalés, rory n'a aucun mal à switcher sa mauvaise humeur pour une colère inventée de toutes pièces contre lui qui n'a surtout rien demandé. intérieurement hilare, extérieurement ravagée et furieuse. elle vise au moins l'oscar, se souvient de son bouclier-arme-cale-porte, alaas poor king lear, et s'en sert pour le claquer contre le pectoral de sa victime. "t'as pas pu t'en empêcher hein, il fallait que tu te la tapes le jour de mon anniversaire ?!" en octobre, ledit anniversaire donc ça n'a aucun sens. ca a figé le temps, y compris le réfèrent qui tenait tant à lui scander sa définition de la bienséance. personne n'a envie de glisser un orteil dans ce genre d'échange qui, normalement, promet d'être volcanique. "c'est tout ce que notre histoire signifiait ?! après tout ce que j'ai fait pour toi ?! " autre point faible de l'histoire pour quiconque connaître l'une des infos phares de la mauvaise gamine : égoïste jusqu'à la moelle, pas répète de faire quoique ce soit pour quiconque mais ce n'est que détail.  pour rester plantée dans son rôle elle n'a aucun droit de dévier le regard et l'observer pour jauger qui elle agresse de but en blanc, mais enchantée de faire ta connaissance, rory, et toi ?

defi corvus:

les attentes sont basses, pour ne pas dire inexistantes. c'est le coup de poker sans être l'affaire du siècle, agrandir la menace de prendre non pas un orage sur le coin du nez mais deux, maelstrom de reproches qui pourraient venir de proue et de poupe. pas qu'il ait l'air méchant, même plutôt du genre inoffensif, mais deux trois leçons bien senties ont déjà prouvé à rory que l'eau qui dort n'est pas toujours à prendre pour acquise. au pire, elle gagnera le titre d'hystérique -ce qui n'aurait rien de volé quand elle mugit contre lui qui n'a surtout rien demandé. elle lit l'incompréhension qui se peint sur sa visage, et enclenche le compte à rebours. un mississippi. il bloque, fronce les sourcils, et elle l'imagine déjà se détourner en secouant la tête d'un air dépité. deux mississippi. il a des jolis yeux qui ne méritent pas vraiment d'être pris en otage juste parce qu'elle s'est encore attirée des emmerdes. mais tant pis. il n'avait qu'à respirer plus loin, pas son problème à elle s'il était pile poil dans la trajectoire. trois missis— il ouvre à nouveau la bouche et la souffle. sidérée sans avoir à jouer un rôle, elle écarquille les yeux, et reste pétrifiée, les lèvres entrouvertes sur des mots qu'il lui a volé. elle glapit un "quoi ?!" étranglée parce qu'il n'est pas bon, il est brillant et qu'elle peine à encaisser la réplique. moïse peut retourner d'où il vient avec sa mer scindée, lui vient de trancher rory clare en deux, si ce n'est trois : déchirée entre l'horreur, l'envie de lui sauter au cou pour marcher tête haute dans la combine et l'impossible envie de rire qui chatouille le fond de la gorge. pénible de jouer la fille furieuse et ravagée quand tout ce qu'il y a de furieux en elle c'est à présent le fou-rire qu'elle doit réprimer. "alors déjà c'était pas mon frère mais mon cousin, nuance." qu'elle clame en soulignant le dernier mot comme si ça donnait un foutu sens à cet embryon de pitch dégoûtant. "si tu m'avais pas encore fait le coup de la migraine aussi." certainement classés tous les deux comme weirdos par l'ensemble de leurs spectateurs improvisés, face à un scénario qu'ils sont deux à rendre désastreux. elle pourrait sans peine le gifler et si c'est pas les remords qui l'étrangleraient, tout ce qui la tient c'est qu'il a su lui faire un retour suffisamment ahurissant pour briser sa mauvaise humeur et faire germer une solide admiration, parce qu'à sa connaissance, personne n'aurait suivi le jeu sans s'agacer. "si elle t'a demandé ton avis c'est peut être juste parce qu'elle a remarqué que tu savais pas la regarder dans les yeux ?! avec ma mère t'as toujours eu les cervicales molles. mais apparement QUE les cervicales." s'il tenait à son sex appeal, il est sous doute enterré pour quelques temps auprès des personnes présentes, quant au sien ça ne lui a jamais importé. "t'es vraiment qu'un connard quand tu t'y mets." craché avec une rancoeur qui n'existe même pas, les pupilles torves qui demandent milles efforts pour ne pas s'adoucir et le flatter de son approbation pourtant si rare. elle laisse tomber au sol son livre, préfère refermer ses phalanges contrariées sur son vêtement pour l'attirer à elle jusqu'à sentir son souffle à chaque respiration. "alors, la fille ou la mère ? réfléchis bien." à moitié menaçant, à moitié ronronnante, pour lui laisser un choix absurde. elle pince la langue sous les molaires, jusqu'à la douleur pour réprimer tout sourire alors qu'elle s'amuse de leur scène grotesque, le nez levé vers lui comme une inquisitrice alors que fondamentalement elle se découvre juste une âme de groupie pour une personnalité avec autant de rebond.