les cours sont enfin terminés - épuisement déjà présent alors que la rentrée n'a eu lieu qu'il y a trois jours, à peine. le garçon souffle et laisse un bol de céréales sur une des tables de la salle commune, pas vraiment inquiet. après tout, il est de fait commun que prendre la bouffe de pritchard est l'une des moins bonnes idées à falcone, môme trop bruyant qu'on repère à des kilomètres. wes sourit lorsqu'il entend des cris venir du billard, le bruit et l'animation des combles d'artémis lui avaient indéniablement manqué au cours de l'été. au moins une raison (presque) valide pour revenir. il s'éloigne de l'agitation ambiante pour aller pisser un coup, vessie qui menace d'exploser depuis la fin de l'entraînement et la douche qui l'a suivi. il revient quelques minutes plus tard - trois tout au plus, et repart à la conquête de ses céréales. môme qui a besoin de manger pour que son corps puisse suivre tous les efforts physiques, hyperactivité drainante. ses yeux s'ouvrent en grand lorsqu'il ne voit pas son bol et pendant un instant, il se demande s'il ne l'a pas posé autre part et a juste confondu. son regard scanne la pièce à la recherche de son sésame et tombe sur ce qu'il qualifierait d'un enfoiré en train de manger ses cornflakes. un vaisseau doit péter dans sa rétine et l'empereur marche à toute vitesse vers celui qui a osé prendre son bol. impudent. « elles sont bonnes mes céréales beliky ? » il demande, sarcasme qui brûle ses cordes vocales, prêt à lui mettre un coup de coude dans le menton pour récupérer ses céréales.

savoir que quelqu'un lui ait pris ses céréales était en soi, un motif d'énervement largement suffisant pour pritchard. mais voir son bol (fétiche, qui plus est) dans la paume de belinsky ne faisait que l'agacer encore plus. il hausse un sourcil lorsqu'il critique la quantité de lait - mais en reprend quand même une cuillère. il laisse un sourire mielleux lui échapper et il reprend son bol des mains du nabot, « je te laisse la cuillère, j'ai pas envie de choper une quelconque mst » il lui lance un clin d'oeil, se demandant dans le même temps s'il peut attraper une mst par la salive - sans doute qu'il aurait dû faire plus attention aux rares cours d'éducation sexuelle qu'il a suivis. « fais toi ta propre bouffe au lieu de prendre celle des autres la prochaine fois, nabot » sept centimètres étaient suffisants pour que pritchard se sente doublement supérieur à belinsky et il ne manquerait pas de lui faire savoir. au fond, il n'a rien contre lui. mais l'idée qu'on lui vole ses céréales plutôt qu'on le traite de pervers - ce qui n'est en soi, pas faux - le dérangeait profondément. merde, il lui en file un bol s'il y a que ça. juste, pas le sien. c'est comme les meufs, on partage pas.

belinsky soupire et pritchard se joint à lui - union précoce qui se fait entre les deux adolescents. « t'aurais pu demander » qu'il laisse échapper, presque offusqué. on peut même plus pisser en paix dans cette maison. « tu peux au moins me passer une cuillère propre ? » sa voix est plaintive alors qu'il s'accoude contre le bar derrière lequel belinsky se sert son bol (pritchard n'aurait jamais cru être aussi heureux de voir quelqu'un se servir des céréales un jour). étrangement, il hoche la tête avec vigueur face à ce que belinsky lui dit. « m'en parle pas » il grimace, plongeant sa cuillère (propre) dans son bol et s'empiffre rapidement de frosties. « c'est jean-jacques toi ? moi c'plutôt robert » qu'il marmonne, la bouche pleine. (il ne sait même pas si belinsky pourra comprendre ce qu'il dit, mais l'amour des frosties est plus fort que tout). « l'infirmier est plutôt cool là dessus, va l'voir si t'as un problème un jour » qu'il laisse échapper, omettant le fait qu'il se fait un peu trop mater à son goût lorsqu'il fait un tour là-bas (faute de smasher trop fort et bloquer comme un forcené). « les vacances me manquent déjà » qu'il grogne face à la question du brun - comme s'ils ne se disputaient pas il y a trois minutes. « on a eu un test en bio, je me suis éclaté la main au volley » qu'il dit en levant sa main gauche bandée de tous les côtés (quand c'est pas la droite, c'est la gauche). « la routine en prépa et c'est éclaté. et toi ? » qu'il demande, fourrant une autre cuillère de frosties dans sa bouche, sincèrement curieux d'écouter ce que le nabot a à lui dire.