hé, c'est le fantôme !
et son regard qui se relevait vers eux,
un soupire qui s'échappe,
et ce désespoir qui s'installe à nouveau.
encore une foutue année de plus à Clayesmore,

T'as toujours pas rejoins l'au delà le fantôme ? Tu veux qu'on t'aide ?
la poitrine qui se serre, les poings qui font mal et cette peur qui l'envahi. Comment bouger alors qu'il est encerclé ? Comment se défendre, n'ayant jamais appris ? Maman dit que c'est mal de se battre, alors plutôt encaisser les coups et ne pas la décevoir. Le premier fut rude le second fut douloureux le troisième était le bon pour le mettre à terre. Quelles en sont les raisons particulières à cet acharnement ? Aucune, ou peut-être juste de pouvoir déverser sa haine sur un autre. Ce moyen d'extérioriser qu'il ne comprend pas, mais qu'il envie parfois. Mais il sait, il sait bien que sa coquille vide se briserait à la moindre violence infligé à un autre. Il ne peut se le permettre, n'ayant aucunement la force ou même le courage. surtout le courage.

Voilà pourquoi t'as été abandonné. T'es qu'un stupide déchet humain Rhodes.

// @léonildor rodds

T'ES QU'UN STUPIDE DÉCHET HUMAIN RHODES.
Je m'arrête. Confus. Pardon ? Un ''stupide déchet humain'' ? Bigre, en voilà des manières. J'reste planté au milieu de ce sentier, scrutant les bois. C'était destiné à Jin ou pour moi ? On rivalise pour le rôle, une compétition de haut niveau entre les frères Rodds. Quoique, stupide, je sais pas, c'est un peu rude non ?
Je passe en revue mes dernières bonnes actions lorsque, dans un coin de ma conscience surgissent les menaces du Corvus. Et mon palpitant manque un battement. Mon sourire amusé s'efface, laisse place à une horreur muette. Non... ça se pourrait pas...si ? Pas sûr. Possible. Putain.   Le pire serait arrivé.
Alors que ces sales voix nasillarde s'obstinent à brailler aux fantômes, moi je presse le pas, résolu à fermer leur gueules. Le mot fantôme me glace le sang, et à chaque pas je me demande un peu plus à quel point ils en savent. Sans réfléchir, la panique qui se hisse jusqu'aux tempes, je patrouille en hors-piste, prêt à noyer ces petits chats.

J'arrive sur la scène. Le temps de poser mes yeux sur Eden Rhodes, le nez dans la poussière, et je comprends le quiproquo. Je ferme les yeux soulagé, ce n'était qu'un pair qui se faisait rosser.
Puis je me rince l'oeil. Indécis. Ça m'agace. Toujours à terre, Eden encaisse un autre coup de pied et une insulte. Impossible de le lacher des yeux. Relève toi Eden, fais quelque chose, te laisse pas mordre.  Dévore-les.  Alors que dans ma tête je récite les lois de la jungle, un énième coup me fait détourner le regard - et je comprends alors que certains survivent différement. Ou pas du tout.

- Vous avez pas fini ? j'émerge. Pas hyper soigné comme entrée, entre deux arbres et nappé de feuilles mortes. Mais jvois à leur torpeur qu'ils ont reconnus Léor Rodds ; membre du conseil. Salopard rancunnier qui plus est. Le plus déluré me toise, plisse deux yeux pernicieux ; - Qu'est ce que t'en as à foutre toi ? la plus conne ajoute, - bah tu sais ils se soutiennent entre eux... et le plus malin a déjà baissé les yeux.
Moi je m'étouffe. Ma parole, y'a des gosses frustrés qui se sont sentit pousser des ailes ces vacances.
- C'est le moment de la fermer Perez, t'es boursière non ? Fais pas ta maligne et tire toi. Et toi Andersen, je ricane, c'est déjà trop facile de faire d'ta vie un enfer. Rend toi service, tu veux ? Ces trois là, je les avais déjà catalogué, c'était pas la première fois qu'ils se mettaient sur Eden. J'y vais avec les mots d'abord, croise les doigts pour que cela suffise. J'ai pas vraiment envie de me battre, j'ai pas trop l'étoffe - et j'suis pas fringué pour l'occasion. Sur mes gardes, je baisse les yeux vers Eden, dans un mélange de froideur et de pitié. 
- Relêve toi.
 
@Eden Rhodes

Relève toi. la froideur de sa voix était effrayante, un semblant d'inquiétude le traversait bien que son expression restait totalement neutre. Eden se relevait suite à ses mots, difficilement tout en tenant ses côtes. Le goût du sang sur sa langue, lèvre éclatée, un soupire qui s'échappe. Eden restait figé à les regarder se toiser alors que l'un d'eux pouvait très bien commencer une nouvelle petite bagarre sûrement plus grave. Il s'en voudrait c'est certain. c'était un mal entendu, je suis tombé. un haussement d'épaule de plus, il fallait qu'il encaisse s'il voulait qu'on l'oublie plus de cinq minutes, s'il voulait qu'ils laissent Léonildor en paix. Les deux protagonistes passaient leur chemin, fuyant sûrement la colère que pourrait avoir l'un des membres du conseil des élèves. Eden reculait un peu, essayant d'essuyer le sang sur sa lèvre avec sa manche. Personne n'y verrait rien avec son sweet à capuche noir.

Son regard se relevait sur le brun ténébreux pas loin de lui, quelque peu sur la défensive n'ayant pas l'impression de le connaître. Les seuls visages qu'il retenait, étaient ceux qui lui attribuaient des coups chaque jour comme s'il était un coussin à déverser de la haine.

Silencieux Eden l'observait la manche de son pull toujours contre sa lèvre. Il souffrait presque quand il respirait, quand il osait bouger un peu car il aurait voulu s'enfuir loin d'ici, loin de lui. Il avait honte, si honte qu'il baissait le regard. Léonildor avait le même regard de pitié que sa mère avait pour lui. Ce regard qu'il ne voulait pas voir, qu'il ne supportait pas. merci.. pour...pour ton intervention. et sans un mot de plus, Eden fuyait la scène, mettant sa capuche sur la tête. Bientôt ce genre d’accoutrement sera aux oubliettes. Bientôt il allait ressembler à tous les autres ; costume de qualité, blason Swynford apparent. Bientôt il sera dans une case, dans un groupe, une fausse famille.

Eden s'étant relevé presto, je saisis cette occasion afin de l'ausculter (à vue de nez) sous ce meilleur angle. Sans surprise, Swynford est plutôt bien amoché. Est ce que ça ira jusqu'aux dortoirs ? Il a encaissé pire - certaines preuves sur son corps et ses manières en témoignent. Moi je ne sais qu'en penser, à mi chemin entre l'agacement et l'admiration morbide envers tant de stoïcisme.
- C'était un malentendu, je suis tombé.
Bonté du ciel. Au comble de l'exaspération je ferme les yeux, pince l'arrête du nez. Eden Rhodes, sérieusement. Ses agresseurs partent et j'en suis presque à les rappeler à l'aide. Mais je n'en fais rien, l'observant se tenir en face de moi, fragile comme une bombe, sous sa capuche à essuyer du sang que j'avais déjà vu. Sur ce, il me remercie, et s'en va comme un voleur.
Surpris, je me retourne, quoi ?
- Oy, attends Eden! m'élance à sa suite. J'en reviens pas, il se fait la malle sans complexe. Rapidement, je le rattrape en deux trois enjambés, "tu vas où comme ça ?" j'le toise avec éloquence, j'veux dire, à le voir comme ça dirait qu'il va s'évanouir à tout moment. Certes, je n'irais pas jusqu'à me proposer pour le porter non plus. Je fais un signe de tête vers la direction opposée, "l'infirmerie, c'est part là." confidence: j'en ai aucune idée, mais il fallait dire quelque chose. Mais là n'est pas le plus important. Je fourre les mains dans mes poches, lui jette un regard furax, 
- Pourquoi tu les as défendu ?

Tu vas où comme ça ? il s'arrête net, lâchant un soupire au même moment alors qu'il n'avait véritablement pas envie de répondre à cette question. Qu'est-ce que ça peut bien te.. pensait-il avant de se couper dans son élan. Eden prenait alors une grande inspiration, gardant toujours sa capuche sur la tête. Je vais là où le vent me mène. un haussement d'épaule, encore, une expression toujours aussi neutre alors que la douleur le tiraillait, il reprenait son chemin. Ede n'avait pas l'habitude des gestes de gentillesse ou de recevoir de l'aide car généralement ça sonnait toujours faux, ou comme une bonne façon de recevoir quelque chose en retour. Mais Léonildor insistait tant avec ses questions, jouant au rôle du protecteur voire de l'inspecteur. Eden s'agaçait mais gardait son calme car après tout, il aurait pu avoir plus de coups s'il n'était pas intervenu. Car sinon tu en aurais pris plein la figure toi aussi. C'est pas ce que je veux. Les réponses aux questions sont finement placées, Eden pouvait s'échapper en toute tranquillité. Mais un sentiment persistait tout au fond de lui, des doutes et ses propres questionnements. Il s'arrêtait alors un instant pour se tourner vers son ange gardien du jour. Pourquoi ? Sous sa capuche, on pouvait à peine discerner son regard, sa lèvre éclatée qui était uniquement visible. S'il affichait une expression quelconque, ce serait sûrement celle de la méfiance. Tout le monde sait qui je suis ici. Pourquoi me défendre ?

Je vais là où le vent me mène.
Battements de cils. Dîtes. A tout hasard. Serait-il en train de se foutre de moi ? Je refoule l'envie de secouer notre fée de l'air comme un prunier, un grincement de dent civil s'échappant à la place. A demi caché sous son sweat Rhodes tâche de faire bonne figure, mais j'intercepte par-ci des éclairs de douleurs et par-là des frissons de torture. Il vaut mieux pour lui que le vent l'amène à l'infirmerie, presto. Car sinon tu en aurais pris plein la figure toi aussi. C'est pas ce que je veux. Décontenancé, je change d'appuis. Il s'inquiétait pour moi ? Incrédule, je repeins la surprise de cynisme, Eden, c'est pas comme si t'avais besoin de mentir pour évoquer de la pitié. Je le toise froidement, Toi et moi on n'a rien en commun, Rhodes. je siffle, sur la défensive malgré moi. Sur ce, il se retourne, pressé de s'enfuir à toute allure. Soit, devrais-je m'obstiner à le retenir ? Après tout j'ai fait ma part, peut être qu'il s'en sortira mieux tout seul. C'est lui l'expert. Pas comme si je m'en soucie non plus. Pas du tout même.
Avec un pincement soulagé, je le vois se retourner à nouveau, curieux. Je hausse les épaules passe une main sur ma nuque. C'est juste... ton jour de chance ? La vérité c'est qu'il avait la fâcheuse tendance à se trouver sur mon chemin lors de ses pires moments. A force, je me suis laissé pousser par mes élans héroïques. Moi même incertain sur les raisons qui me poussent à une telle chose, je mise sur la pitié simple en priant pour que ce ne soit pas plus personnel. Je suppose que Perez avait raison, "on s'entraide entre nous" je raille, l'ironie à s'en couper au couteau. Bon, filons. Je m'approche, le dépasse, attrapant sa manche au passage. Je m'étais précipité sans réfléchir, mais maintenant que tout est calme la dure vérité vient me rappeler à la réalité. Les forêts m'angoissent, éveillent des souvenirs pas sains chez moi. Il faut que je retrouve le sentier avant que tout ça déborde. Tu vas laisser ça durer combien de temps ? Ton harcèlement.

Toi et moi on n'a rien en commun, Rhodes. C'est juste... ton jour de chance ? paroles extrêmes qui pourtant ne le touchaient pas assez pour lui faire du mal. Lui se fichait si on l'aimait ou non, si on voulait de lui, tant qu'il avait la paix. Associable peut-être, ou juste un gamin fatigué d'entendre qu'il doit faire des efforts pour s'intégrer. Je te retiens pas. Rodds. et il accentuait bien sur son nom de famille pour insister sur l'agacement que Léonildor lui procurait. Il l'avait peut-être sortit d'une misère, mais elle n'en est pas moins terminée pour autant. C'est pourtant un sentiment étrange qui s'emparait de lui lorsque que le Ravenswood attrapait sa manche, l'odeur de l'angoisse qui planait autour de lui. Eden haussait un sourcil d'incompréhension, soufflant quelques secondes alors qu'il se rendait compte que celui-ci allait devoir prendre le rôle du protecteur jusqu'à leur séparation. Tu as peur ? Tu veux que je te tienne la main pour te réconforter peut-être ? cynique un peu, agacé surtout, Eden accélérait afin de pouvoir rentrer le plus vite possible et retrouver sa chambre sans avoir à devoir subir le regard des autres. A peine arrivé, à peine frappé. Ils allaient rire, c'est certain mais Eden souffrait de ses blessures et tout ce dont il avait envie c'était de s'allonger un peu pour oublier la douleur. Sa respiration en disait long sur son état, chaque bouffée d'air lui arrachait une grimace. Chaque pas, un petit grognement. Sa tête commençait à tourner, et ça ne voulait rien dire de bon. Attends..faut que.. soufflait difficilement le garçon de Swynford.

Tu as peur ? Tu veux que je te tienne la main pour te réconforter peut-être ? Je craque un sourire dérisoire, lève les yeux au ciel. Comme si toi y pouvais quelque chose. Of all people, Eden Rhodes pour sabrer mes démons et tamponner mes larmes. Je jette un œil sur ma main toujours grippée à sa manche. Lâche le tout, j'avais serré un peu fort - la faute à l'angoisse. Son cynisme et irritation évident me demandent pourquoi je m'embête à le tirer à l'infirmerie. Saperlipopette, ta bonté te perdra Léor. Cela dit, si je suis honnête, je suis de la même température. Sur ces pensées on défilent dans la forêt à grandes enjambées, partageant l'envie de s'en éloigner au plus vite. Occupé à surveiller mon anxiété, je fais plus trop attention à swynford, si ce n'est pour vérifier qu'il soit toujours là. Attends..faut que.. je me retourne. Arque un sourcil, il a pas l'air bien le fantôme. hey, ça va aller jusqu'à l'infirmerie ? mes mains s'empressent de le soutenir alors que je détaille le bonhomme au bord de l'inconscience. Ses côtes ont du prendre plein tarif. C'est sérieux. Je passe son bras sur mon épaule, glisse le miens autour de lui, veillant à ne pas appuyer sur les blessures. Ça va, il est pas trop lourd, pas une plume non plus. Eden, essaie de rester conscient, on est bientôt arrivé je lance d'une voix que je voulais réconfortante. Je me presse, me concentre sur Eden afin d'éviter de penser à la boue, les feuilles mortes et la forêt. Finalement nous retrouvons le sentier. S'il perd conscience on y sera moins vite arrivé, alors je fais de mon mieux pour le tenir éveillé. si tu racontes ça à qui que ce soit j'te fini avec mes propre mains je marmonne à demi-sérieux, dans un demi-rire. Je glisse un regard inquiet, il est toujours là ? Répond-moi Eden.

si tu racontes ça à qui que ce soit j'te fini avec mes propre mains un léger rire, suivi d'un grognement sortaient de ses lèvres alors que son visage ne montrait que l'agonie qui l'habitait actuellement. Il tremblait peut-être un peu trop, sa tête qui tournait aussi pas mal. Ça devait bien arriver un jour à force d'éviter l'infirmerie, dont toutes ses blessures précédentes n'ont jamais été prises en charge. Il devait avoir le corps en morceaux, trop fragile et Eden le ressentait. Il encaissait moins bien les coups depuis quelques temps. Mais les mots de Léonildor lui donnaient envie de sourire, mais Eden ne souriait jamais pour une raison qui lui est propre. Si tu aimes tant poser tes mains sur mon corps, je t'en prie. Fais-toi plaisir. Joueur aujourd'hui, dans cet état second où il ne contrôlait pas tellement ses paroles souvent coupés de longs silences et de spasmes douloureux, Eden s'accrochait malgré lui au Ravenswood car il ne pouvait se permettre de refuser son aide. Son état semblait beaucoup trop grave à l'heure actuelle, de temps à autre il fermait les yeux sans le vouloir mais heureusement Léonildor était présent pour le ramener avant qu'il ne perde totalement conscience. Suis-je si répugnant que ça pour prendre autant de coups ? il demandait pour la toute première fois, totalement démuni, épuisé presque suppliant qu'on lui supprime la vie pour que ça s'arrête. Eden est meurtri, cassé de tous les côtés, son âme brisée. Il rêve parfois de quelques caresses, d'un sourire sincère et d'un amour incomparable à ce qu'il voit autour de lui. Il le cache, dissimule cette envie de connaître le bonheur et la sagesse que pourrait lui procurer un ou une élève de cette école. Il dissimule son agonie mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui il était faible, il avait trop mal, ne voyait plus rien et n'entendait rien. Rodds ? des mots qu'il voulait souffler mais que Léonildor ne pouvait pas entendre. Il s'est écroulé, à ses pieds. Aujourd'hui, c'était les coups de trop.

Le ton joueur d'Eden m'arrache un sourire amusé, il a encore de la force pour faire le malin lui ? « je vais me gêner » je taquine entre deux souffles. A croire que l'effort me décoince. A son instar, la douleur délie nos langues. J'me rends compte que je le porte presque entièrement, devine qu'il ne reste pas beaucoup de temps avant que sa conscience me file entre les doigts. J'accélère malgré les poumons qui surchauffent.

« suis-je si répugnant que ça pour prendre autant de coups ? » interloqué je vire un regard mortifié vers swynford. J'ai la gorge serrée, incapable de le rassurer. Soudainement, me voilà en colère et blessé. Furieux contre tous ces monstres cannibales, furieux contre Eden qui se laisse dévorer. Furax contre moi qui se laisse attendrir. « tu dérailles, plein de gens répugnants ne prennent pas de coups » je réponds en détournant les yeux. Je suis leur ambassadeur. Sur cette pensée, le corps d'Eden glisse entre mes mains et s'effondre au sol. Putain, merde. Je regarde autour de nous, on est encore à un bout de l'infirmerie, ça irait plus vite si j'allais chercher de l'aide directement. Mon regard se porte sur swynford, inconscient, la respiration supplicié. Je veux pas le laisser. Le temps presse. Mes mains retournent mes cheveux alors que l'indécision me tord le ventre. L'impression de déjà vu qui tigre ma peau refait surface. Je ferme les yeux. Respire Léor.

Je m'accroupis à ses côtés, réarrange sa veste. Je t'abandonnerai pas, toi. Je passe une main dans ses cheveux d'ébène, essuie du sang au passage « je reviens » je promets.

J'arrive en trombe à l'infirmerie. Mains sur le comptoir, j'aboie à droite à gauche qu'ils se magnent le train. Armé d'un brancard et babioles de premiers soins l'infirmier de garde prend à ma suite. Soulagé je retrouve Eden au même endroit, je finis la course sur les genoux à côté de lui. « on est là » je murmure alors que le spécialiste s’attelle. On l'installe et le transporte jusqu'à l'infirmerie. Et maintenant me voilà, planté ici, à l'observer se faire soigner. Tâchant de me rendre utile. Attendre qu'il se réveille.

il aurait voulu lui répondre, jouer encore un peu plus avec lui et lui montrer qu'il pouvait être autre que le fantôme froid et vide que tout le monde pense qu'il est. Il aurait pu voir le Ravenswood, qu'il pouvait sourire, rire, ressentir, rougir quand quelqu'un lui plait. Il aurait rougit à ses mots, mordu sa lèvre s'il n'avait pas été trop faible. Il l'aurait piqué avec d'autres paroles pour l'embêter un peu. Le ravenswood n'aurait même pas capté qu'il campait son attitude de garçon normal, à l'aise avec les autres. Attitude presque inexistante avec Eden tant il avait peur des autres, de ce monde qui l'entour. Il avait donc de la chance Léonildor, il avait un aperçu unique d'un garçon qui allait bientôt à nouveau s'éffacer et se faire tabasser durant tout le reste de l'année. S'il avait pu lui répondre, il l'aurait remercié pour ce court moment de lui avoir permis d'être lui même. Eden aurait sûrement sourit un peu, peut-être même beaucoup. Mais là il était inconscient, plongé dans les abysses avec son ombre qui le dévorait. Il était perdu dans cette nuit, ayant presque froid et pourtant il semblait entendre une voix, sentir un peu de chaleur à son crâne. Rodds ? ça l'intriguait, il suivait alors ce son, cette chaleur. Et peu à peu, il revenait à lui bien que la douleur soit toujours aussi présente. Le gamin ouvrait doucement les yeux, aveuglé par cette lumière agressive. prononcer le prénom de Léonildor fut son premier réflexe, puis de tenter de se relever. Bloqué par cette pique à ses côtes, cette coupure de respiration au moindre geste, il le cherchait alors du regard. il faut donc que je sois dans cet état pour qu'un beau mec comme toi s'inquiète pour moi ? soufflait Eden alors qu'il toussait, ce qui lui brûlait presque les poumons. Au moins, tout le sang sur lui avait disparu et heureusement qu'il n'était pas un sportif, heureusement que Léonildor à été là. T'as aimé poser tes mains sur moi ? demandait-il, toujours avec humour bien qu'une part de lui posait cette question de façon très sérieuse. impossible que je te plaise Rodds, c'est une évidence. il ne le lâchait pas du regard, content de ne pas être seul pour une fois, content d'être en bonne compagnie.

« Léonildor Rhodes ? » l'infirmier m'adresse un air dubitatif, armé de son bloc-notes. Je l'ai rencontré hier, après m'être éclaté le crâne sur le toit - j'espère ne pas en faire une habitude. Je hoche la tête. « Léor. » L'homme s'approche et à voix basse me délivre un résumé de la situation d'Eden. A l'écoute, je croise les bras, alternant des coups d’œil entre swynford dans son lit et monsieur Cusack. Au milieu de tout ça, je plisse les yeux, ça ne relève pas du secret médical tout ça ? au fait j'ai le droit d'être là ? « Son frère étant là, j'ai jugé inutile d'alerter le gardien, toutefois je recommande de l'admettre dans un hôpital, c'est n'est qu'une infirmerie scolaire... » comment ? « On n'est pas... » je m'arrête. Peut être que c'est mieux comme ça, pour le moment. Je connais pas trop Eden, mais je sais que les situations familiales peuvent être désastreuse. Il achève ses notes et préconisations et je le regarde filer, le malheureux doit être débordé à Clayesmore.

Prenant place sur le siège face au lit d'Eden, je croise les jambes et joins mes mains. Patientant, je l'observe, laisse libre cours à mes pensées. Mes yeux sombres ne parviennent plus à se détacher de la cicatrice logée sous son oeil - et mes ongles névrosés savent alors que c'est le moment de saigner la peau de mes phalanges. Il fallut que j'entende mon prénom pour sortir de ma torpeur. Il s'est réveillé. Je chasse mes pensées d'un battement de cils, me penchant pour l'empêcher de se relever - mais au final la douleur s'en occupe mieux que moi. « il faut donc que je sois dans cet état pour qu'un beau mec comme toi s'inquiète pour moi ? »moi, inquiet ? faut pas déconner hein. j'admirais la déco. Puis, techniquement, il a tord; j'avais joué l'ange gardien bien avant qu'il en arrive là. Alors qu'il tousse et grimace de douleur je soupire et m'accoude au siège, tirant un sourire amusé - tout fini bien quand même. La question suivante me prend de revers, et je m'accoude sur l'autre bras avant de me reprendre. « fais attention à ce que tu dis, l'infirmier pense qu'on est frères. » je réponds sur le même ton. Sur ce, je me lève, principalement pour me détacher de son regard, et secondement pour lui chercher un verre d'eau - et un café pour moi. « faudrait que t'ailles voir un médecin, tes blessures pourraient empirer » je transmets en lui tendant le verre. Je sirote un peu de mon café, et pour finir je me réinstalle ce fauteuil à ma grande surprise - je savais pas que j'avais envie de rester à ce point.

un nouveau rire s'échappait de ses lèvres, bien que cela lui faisait du mal au moindre millimètre de son corps qui bougeait. Léo, son frère ? Surtout pas et en soit, si seulement. Il n'aurait sûrement jamais été dans cet état, sûrement bien plus fort de caractère, sûrement aimé surtout. Je suis pas assez beau pour être ton frère Rodds. Pas assez Rodds. Il soupire avec un haussement d'épaule, attrapant le verre d'eau au passage sans étonnement ou presque. Léonildor prenait soin de lui et c'était une première. Il n'y avait que ses deux acolytes qui le faisaient quand ils avaient le temps seulement. Mais flirtant ensemble en ce moment, ils avaient beaucoup moins de temps pour Eden qui se prenait des coups. Sa gorge plus clair, il observait Léonildor un moment en détaillant le moindre trait de son visage. Il notait tout dans sa tête, le scrutait comme s'il était une œuvre d'art lui la bouche ouverte tant il était subjugué par ce qu'il voyait. Mais en voyant le Ravenswood qui l'observait aussi, Eden secouait la tête pour cacher ses joues rosi par le fait qu'il avait rougit comme le petit puceau qu'il était. non, ça va guérir. Je n'aurais plus mal dans quelques temps. peut-être oui s'il ne prenait pas d'autres poings avant. Eden soupirait un peu, repensant qu'il n'avait eu qu'un mot en bouche à son réveil était lui, Léo. Le brun réfléchissait un instant, baissant le regard car il allait encore parler sans sûrement réfléchir avant. Merci de m'avoir emmené ici, sans toi je crois que ça aurait été plus grave. Eden mordillait sa lèvre inférieure, un peu perdu dans ses sombres pensées qui prenaient soudainement le dessus sur le moment de bonté qu'il partageait avec le Ravenswood. Son regard s'assombrissait soudainement, son visage devenait à présent fermé, froid et dur. peut-être que tu n'aurais pas du. Peut-être que je n'aurais pas du revenir. N'est-ce pas ? lâchait Eden dans de murmures bien bas, le regard vide comme si quelqu'un d'autre avait pris sa place ces quelques dernières secondes.

Pas assez Rodds. J'exhale un rire contrits. Pas assez Rodds. Moi aussi, techniquement, en tant qu'adopté, je ne suis pas assez Rodds. Je contemple platement mes misères familiales passées, et futures à en croire les dernières nouvelles mentionnant les De Beauregard. Soupir épuisé. En comparaison, c'est bien paisible ici. Une petite pièce avec un fantôme qui ne m'accable pas, loin des problèmes qui poussent mon esprit dans tous les sens. Café aux senteurs noisettes pour assainir l'air. Je surprends le regard scrutateur de swynford, « tu préférais un café ? » je m'enquis, étonné. Le garçon rougit sous mes yeux et je me demande ce qui lui prend tout à coup, oblivious.
A sa réponse délivrée à demi-coeur je roule des yeux. Je me doutais bien qu'il répondrait un truc du genre - j'y crois pas deux mots. Il a besoin de vrai soins. Cela dit j'ai moi même la sainte horreur des hôpitaux, leurs toubibs tordus et frais exorbitant - pas que ce dernier point puisse m'inquiéter, mais ça me met mal à l'aise d'importuner ma famille d'accueil. Alors je comprends. « si tu le dis. tu as quelqu'un pour récupérer des cours le temps que tu puisses retourner en classe ? » au pire, c'est pas fait pour ça un préfet ?
Je hoche la tête silencieusement lorsque vient l'heure des remerciements. J'ai comme envie de le sermonner sur le fait qu'il devrait se reprendre en main, que je serais pas toujours là pour lui sauver la mise, que ces choses là sont déjà allées trop loin. Mais il est sûrement déjà au courant. « C'est déjà grave Rhodes, je pause pour dépointer l'agacement et reprendre plus civilement c'est déjà grave, attends pas que ça empire pour faire quelque chose » honnêtement il ne reste plus beaucoup de marge avant que ses sessions de passage à tabac finissent avec un cercueil. Passif, le nez dans mon café, j'observe la torture s'emparer de son visage. « peut-être que tu n'aurais pas du. Peut-être que je n'aurais pas du revenir. N'est-ce pas ? » j'abaisse mon verre chaud dans le creux de mes mains, pas amusé pour un sous. Eden et moi sommes de ceux qui se jugent trop peu émérites pour vivre. A croire que c'est un privilège que l'on peu perdre ou gagner selon le bon vouloir des autres. Sur ce point on se ressemble. Hors moi, par pur égoïsme, je m'accroche à la vie comme un parasite - l'égocentrisme, quand tout le reste m'ordonne de crever. Alors que puis-je bien lui dire ? Je me penche en avant, au dessus de lui. Plonge mon regard noir dans le siens, silencieux jusqu'à ce que les mots viennent d'eux même. « peut être. » doucement mes doigts dégagent les mèches qui couvrent sa cicatrice « peut être que c'est à toi d'en décider »

Eden frémissait à son contact, soupirant un peu alors qu'il avait si honte se ressentir ce qu'il était entrain de ressentir actuellement. Beaucoup diraient qu'il était sûrement entrain de tomber sous le charme du Ravenswood alors qu'il ne faisait pas grand chose. Ils diraient aussi de la faute de son côté faible, parce-qu'il n'a jamais passé une nuit avec personne. Ils diraient aussi qu'il ne mérite pas toute cette attention, cette aide et Eden le pensait dans un sens. Il était figé face à Léonildor qui touchait presque son visage, comme un courant électrique qui traversait son corps. Eden déglutit, perplexe et perdu. Il ne savait pas comment réagir ou quoi dire tant ça le troublait. Mais son âme coupée en deux était en désaccord, jugeant qu'il fallait le supplier d'arrêter alors que l'autre moitié voulait le supplier de lui donner bien plus. Eden ne bougeait pas, pétrifié à l'idée de se faire moquer, de se faire rembarrer mais aussi d'obtenir ce petit désir au fond de lui. Il brûlait d'envie d'attraper sa main pour attirer le Ravenwood contre lui, mais il n'en fit rien. Restant là comme un idiot, sans mot, sans son, sans rien, juste l'air d'un con. pourquoi me tortures-tu ainsi Rodds ? Pourquoi tirailler mon âme maintenant ? ne suis-je pas assez en morceaux ? ses yeux humides, la mâchoire serré, il ne le quittait pas du regard pour autant sans que pourtant ça ne soit gênant pour le swynford. Je..tu.. décidément les mots ne voulaient pas sortir, alors que peu de temps avant il s'amusait à le piquer, le chauffer un peu sans se dire que ça prendrait cette tournure. Mais Eden se faisait sûrement trop d'idées, trop de films a cause de tous ces romans de littérature anglaise sur ces amours à l'eau de rose. Il idéalisait, imaginait une idylle qui ne prendrait peut-être jamais vie avec l'être face à lui. Et tant il avait envie d'enfouir sa tête sous son oreiller, tant son regard ne pouvait pas se détourner de Léonildor.

Et sur ces mots, nous restons là, plongé dans un silence absolu, dans des yeux infinis. Ces yeux qui s'emplissent de larmes face aux miens qui ne lâchent rien. Je joue l'innocent, mais dans le fond je me doute du tourment que je lui inflige. Un peu comme si j'entendais ce Hamlet débattre dans les coulisses de sa conscience, éternel indécis, incapable d'agir. Je pense à tous les mots que je veux lui dire, ceux qui m'échappent et ceux qui me manquent. Ceux que j'ai sur le bout de la langue, qui planent, tapissent un guet-apens pervers. Puis ceux que je ne prends pas la peine de dire.
Ses plaies me fascinent - m'attirent à lui comme un démon face à l'enfer. Je veux recoller les morceaux de son âme, jouer au scientifique et faire mes petites expériences salvatrices. Réassembler l'incarnation vivante de mon miroir. Peut être que si j'y arrive avec lui, j'y arriverais mieux avec moi. Le fond de ma morale ricane, sardonique. T'es quand même un sacré ptit con prétentieux Léor.

Mes doigts effleurent la balafre. Planent. Se glissent dans sa chevelure.

J'ébouriffe swynford et recule dans le fond de mon siège. C'est pas passé loin. Je brise le silence d'un rire décousus, tourmenté.

J'en reviens pas, Eden Rhodes.
Je t'aurais embrassé.
Si j'avais bu avant.

Je sais pas exactement quelle partie de cette phrase je regrette.
Je saisis son verre et me glace la jugulaire à l'eau froide. L'un comme l'autre, on savoure l'attention comme la plus précieuse des choses. Être désiré, aimé. Mon erreur c'est de sous-estimer à quel point moi j'en ai besoin. those damned midnight cravings. C'est pas passé loin. Pas passé loin. C'est pas correct. Léor. Reprends toi. Pour l'heure, faut que je m'échappe. « je vais chercher à manger, tu veux quoi ? » Je me lève, regard baladeur, jambes qui suivent.

la tendresse de son geste à sa cicatrice procurait un autre courant électrique qui traversait le corps d'Eden, comme une vague violente qu'il recevait en plein visage mais dont pour une fois dans sa vie, ne le laissait pas à terre. Il ne le lâchait pas du regard, gardant le peu de force moral qu'il avait pour lui montrer qu'il n'était pas si faible que ça et pourtant ses lèvres tremblaient tellement. Elles désiraient les siennes à cet instant précis, voulant attraper le col de sa veste pour l'empêcher de se reculer. Ah s'il n'avait pas cette douleur qui le bloquait totalement dans ce lit, il aurait prit pour une fois dans sa vie son courage à deux mains pour ce premier geste. Mais son regard se détournait de lui à ses mots, presque déçu alors qu'il n'ait pas bu une goutte d'alcool. Eden mordillait sa lèvre inférieure, jugeant bon de ne rien répondre, de ne rien faire car après tout, ce n'était que dans sa tête n'est-ce pas ? Il s'imaginait se réveiller bientôt et voir Rodds se moquer de lui pour avoir pensé de telles choses. La douleur ne lui permettait pas de prendre conscience qu'il était déjà éveillé et qu'il vivait en ce moment même sa pire crainte ; celle de ne pas plaire du tout, pas assez pour un baiser. Il soupire, gêné lui aussi et secouait la tête pour exprimer qu'il ne voulait rien. Eden n'avait pas de mot, son silence en disait long sur son état d'esprit actuel et quand Léonildor ne le regardait pas, il touchait sa propre cicatrice pour ce rappeler de ce moment qu'il jugeait exquis. Recommence..recommence et embrasse moi Rodds s'il pouvait, Eden l'aurait crier, supplié de se laisser aller dans ses désirs secrets. Alors il le regardait, de cette façon, le suppliant du regard de ne pas le laisser seul dans cette pièce. J'aimerais que tu reviennes vite Rodds.

Swynford lève des yeux implorant et je fuis son regard, froid. Incapable d'attendre la réponse, j'ouvrais déjà là porte lorsque sa requête me poursuis dans le dos. J'aimerais que tu reviennes vite, Rodds. La froideur de la poignée s'incruste dans ma paume, je serre la mâchoire. . . . j'éteins la lumière. Claquement de porte.

Je fous un coup de pied rageur dans la poubelle. Passe une main dans mes cheveux, exhale un râle frustré, saccadé. Bordel jsuis pas né cruel. J'suis pas né froid. J'suis pas né insensible. Mais à l'usure ces choses là sont devenues très faciles. Plaisantes. Naturelles. Puis surtout indispensables. Pourtant Eden, aahh, avec Eden comment est ce que ça peut être aussi difficile ? Il y a quelque chose de profondément brisé en lui qui m'implore à la charité. Quelque chose qui nourrit et toujours affame ma fascination morbide. Quelque chose incroyablement tendre, qui exalte les vestiges de l'âme que j'ai ruinée d'amour - et vendu à prix cruel. De toute évidence, je suis épris de pitié. Bon sang, j'ai vraiment le coeur aussi niais ? Alors me voilà rendu inoffensif pour quoi, des scrupules ? La belle affaire, Léor. Pour couronner le tout, les fois où j'retrouve mon piédestal tyrannique, j'ai le vertige ! Cette impuissance me coure sur les nerfs. J'aime avoir le choix d'être un salopard quand j'en ai envie. Il y a quelque chose de très rassurant là dedans.
C'est ça. Dans le fond c'est juste ça. Un peu de haine sur fond de terreur. L'affection nappe l'immondice en sucre-glace.

Je m'arrête sur le pas de la porte. Le plan est simple. Tiens toi au plan. Le plan est simple. Je fais le pas, et la porte grince lentement. Il fait nuit noire... ? Ah le con, j'avais éteins la lumière dans la précipitation. Dans le cas où Rhodes se serait assoupis je me ravise à l'idée d'allumer les pleins phares. Éclairé par la lumière du couloir, je navigue dans la pièce, allume la lampe de chevet. c'est à côté, si t'as faim je dis en posant le repas sur la table. Je fourre mes mains dans mes poches, triturant mes clés, y trouve le courage de poser mon regard sur ce lit j'vais y aller c'est bientôt le couvre feu.

ton regard glacial ayant atteint mon âme, je ne sais me relever maintenant que j'ai atteint l'obscurité. Tu as su me bouleverser en un millième de secondes, rien qu'une étincelle dans mon coeur pour éveiller la lumière qui m'a échappé depuis tout ce temps. Lumière que tu as éteinte si vite, me replongeant dans le noir et ma solitude éternelle. des mots tracés très vite dans son carnet secret, à peine éclairé par les rayons lunaires et son coeur qui se serre. Il avait la boule au ventre Eden, la gorge nouée parce-qu'il ne s'y attendait pas à ce départ si soudain. Il ne s'attendait pas à sentir son âme se fêler une nouvelle fois, entre son coeur avoir si mal après cette rencontre avec Léonildor qu'il voyait comme un sauveur sortant des ténèbres. Mais peut-être était-ce lui même, le démon qui venait juste le chercher pour le trainer dans la vie et l'achever à sa propre manière. Peut-être que ce visage d'ange cachait bien plus de monstruosité qu'il ne voulait le montrer. Eden se sentait seul, abandonné. Plus mal car cette solitude était devenue une habitude, un quotidien oublié mais que ce soir, il ne désirait plus. Seul dans ce lit, carnet tombé au sol de tous ses secrets, de ses maux, il attendait qu'on vienne le sortir de cet enfer personnel. Ravenswood revenait à la cherche tel un héros une nouvelle fois, regard vide à son tour, il se détournait de lui pour ne pas avoir à le regarder. Si c'est toi l'âme noire qui doit en terminer avec ma vie, je t'en prie fais vite. Ou pars maintenant, mais ne reviens jamais. Eden était perdu, démuni et encore plus mal au point qu'avant. Pourquoi espérer ne serait-ce quelques secondes d'un moment de bonheur si celui-ci n'était qu'autre que la suite de son enfer ? Pourquoi espérer qu'un mec tel que Léonildor Rodds aurait pu s'intéresser à lui d'une façon toute autre que l'insecte fragile qu'il était ? Eden était la risée de toute l'école, vu comme un parasite ambulant. Alors pourquoi Léonildor voudrait se montrer avec lui, de façon platonique ou non ? La pièce empestait à présent la tristesse et le désarroi. Cette pièce puait, avait l'odeur de tant de choses. Pas encore de la mort. pas encore.

Eden fuit mon regard et je ne suis pas loin de l'en remercier - si c'était pas lui ça aurait été moi. Quelle situation, je crois bien que c'est une première pour moi. Dans la pénombre j'entends sa voix, Si c'est toi l'âme noire qui doit en terminer avec ma vie, je t'en prie fais vite. Ou pars maintenant, mais ne reviens jamais. J'étais trop ravenswood pour saisir un sens réel à travers les belles formes de son phrasé lyrique, mais ces trois derniers mots je les avais compris. Ils me pincent le palpitant comme un rappel douloureux de mon humanité. Serais-je vexé? Ou blessé ? Consternant. Affligeant. J'ai beau observer swynford sous toutes ses coutures, je peine à voir la raison pour laquelle il suscite tant d'égard. Je baisse la tête et me détourne sans un mot, faut que je m'en aille. Vite. Mais mes jambes résistent, et j'hésite. Face à la détresse évidente de swynford, je manque le courage pour l'achever. Je fais quoi, je lui laisse mon numéro ? Au cas où ça va pas ? Mais t'es largué mon pauvre Léor, remets-toi, sauve toi, tires toi.
Soupir. A plus. Porte qui claque.