「 Ecriture nette ne folâtre pas sur les courbes parfaites. Léor au deuxième rang, côté fenêtre. Yeux sur le tableau, vers l’extérieur quelques œillades discrètes. Diligent, il prend ses notes, allie les alphabets. Parfois s’ennuie un peu. Glisse un écouteur, croise les bras s’allonge ; p’tite sieste. 」

「 Le dos droit, menton levé. Bouquin sous l’coude, il marche sans hâte, sans traîner. Tête pensive, yeux baladeurs. Répond à quelque interpellations, en snooze beaucoup d’autres. 」

「 Au plus vite, le gosse perdu qui balbutiait ses premiers mots anglais trempés d’accent nord coréen s'est noyé dans des études de langue. Décomplexé, il se complaît d'un anglais soutenu sur un fond d’accent travaillé. Articulé, posé, entendu. Voix suave et régulière. Flex, sa maîtrise du chinois et du russe à l’occasion. 」

「 Late night gaming and cliquety-clacks on the keyboard. Entre deux éclats de rires légers, Léor devient le gosse qu’il n’a jamais été. Une bibliothèque steam qui scroll à l’infini tient sa connaissance de l’industrie qui relève de la lubie. Un petit rêve enfermé dans une boîte à LED. 」

「 Cauchemars qui circulent dans son crâne longtemps après le réveil. Il ferme les portes aux souvenirs douloureux et s’encage dans ce corridor mental. L’air du couloir saturé de “j’aurais du” et “j’aurai pu” ; la honte et la culpabilité poinçonnent ses tripes. Léor amasse les symptômes de son traumatisme mais les placarde dans son fort intérieur ; les évadés le prennent en traître dans ses crises. C’est moche, chaotique et terrifiant - pour lui comme pour les rares qui en témoignent.

his triggers: I felt powerless; I felt used; I felt trapped; I felt threatened. I heard cries; I felt blamed. I smelled mud. I tasted vitriolic. (selfmade list, non exhaustive.) 」

「 Straight-A Student and humble about it. La source de sa nonchalance sont ses devoirs rendus deux semaines en avance. Travaille dur, travaille bien - si ce n’est pour sa malchance. Combat sa concentration en défaillance depuis la mort d’Alana Thurman. Routine(s) et intelligence(s) étaient une fragile balance, l’abonnement aux grands bulletins arrive à échéance.」

「 Ce soft-hearted salopard allongé sur son lit, coince un oreiller sous mon menton. Ses yeux écarquillés lorgnant l’écran de son téléphone, il glisse un ongle entre ses dents. Soupir d'encouragement. Tape une première réponse. Efface. Une seconde. T’es sûr de ce mot là ? Efface. Tries again. J’sais pas. Efface. Encore. Efface.  Juron de frustration.  Deux heures plus tard, écran noir, visage enfouit dans l’oreiller. C'est fou ça quand même... Le lendemain il l’entendra froissée, “t’as pas répondu ?” et sûrement il haussera les épaules “flemme.” en tournant le dos. la honte qui crame les joues. 」

「 L’homme n’a connu  que la tyrannie pour arriver à ses fins. Il a grandit dans la maison des maîtres de la nation, dont les piliers brisent des colonnes, dont les fruits affament d’autres. Kim Seunghwan n’a vu que la main de l’Impitoyable le gâter. L’égoïsme est un droit, sa pitié un luxe. Prince tombé du toit de Babylone, les vestiges de l’éducation du nord coréen demeurent en son squelette. Indétachables. S’en demande, désespéré, si à défaut de se loger en son coeur ou sa conscience finalement la folie ne courrait-elle pas dans les veines. 」

「 Son cœur horrifié qui s’excuse auprès des murs et des fantômes à chaque insomnie - et t'espérais pas pouvoir dormir ? souffle Conscience flagellée face aux visages tordus d’une souffrance qu’il a causé - comment tu peux te regarder ? Cœur Juge qui pointe ses sales actions et ses sales secrets - et tu oses sourire ? Le cœur fatigué de donner des excuses que personne n’a demandé. Au comble parce qu’incapable de trouver le pardon. Sa conscience tyrannique ne le laissant pas s’abandonner à ses manières cruelles, elle, impassible, le torture cruellement - est-ce la rédemption ? I might as well fuck myself it up just a little more. Le cœur à vif qui se hait et hait les autres. Ces potentiels traîtres. Ces potentiels sadiques. Ces potentiels monstres. Pour les flouer, son cœur se revêt du même habit que ces Potentiels. Nouvelle peau - qui colle un peu trop. 」

「 사르륵 (adv.) le son des mouvements de la neige fondante sous le soleil du matin.
Mantra pour mes pensées rudes et mes sueurs froides.
la glace fond. le froid s’adoucit. l’hiver a une fin. le soleil se lève. et la vie survie. 」

「 Nez plongé dans ce café chaud, j’écoute les histoires formidables qui me sont confiées. Le soleil caresse mon visage, adoucit mes lèvres - ou serait-ce un sourire ? Accoudé à la terrasse je repose ma tête dans ma paume, confortable. Les senteurs de noisettes qu’émanent mon café nous transportent dans cet univers onirique où j’écoute et sa voix parle. Parfois, nous nous rencontrons à mi chemin pour échanger un rire complice. Tantôt, mon attention s’échappe vers un passant, un bouquet ou un papillon, mais toujours j'en reviens à ses yeux et à ses mots. Cette chaleur, telle une vague qui inonde mes meurtières, s'écoule dans mes recoins les plus froids. Et j'écoute, m'investis naïvement. Et j'écoute, surpris de ma sincérité. Ce sourire se fissure, est-ce que ça doit vraiment s'arrêter ? 」

「 MISCELLANOUS pianiste pudique qui ne joue que pour lui, attend les heures désertes pour s'exprimer  //  peur de l'abandon  //  BLACKSTONES cigarillos (cherry flavoured) - fumeur compulsif (discret à ce sujet). le goût l'apaise, l'odeur aussi  //  syndrome du survivant  //  korean food addict, dur de s'adapter aux régimes barbare de ce pays  //  Parle le language des fleurs couramment, l'utilise rarement  //  Tattoo le long du flanc droit : lettrage 하늘 qui longe un bouquet de red spider lily, anémone violette et hyacinthe violette.   」
   

@HERESY.

A Cheshire type of ˢᵐⁱˡᵉ  // A l o n e l y type of mood. // act like it's part of the plan tho // ᴛʜᴏᴜɢʜᴛ ɪᴛ ᴡᴀꜱ ᴍᴇ ᴀɢᴀɪɴꜱᴛ ᴛʜᴇ ᴡᴏʀʟᴅ, ʙᴜᴛ ꜱᴛᴀʀᴛɪɴɢ ᴛᴏ ᴡᴏɴᴅᴇʀ ᴡʜᴇʀᴇ ᴛʜᴀᴛ ᴛᴜʀɴᴇᴅ ɪɴᴛᴏ ᴍᴇ ᴀɢᴀɪɴꜱᴛ ᴍʏꜱᴇʟꜰ. //   w a i t    //  Maybe I should send you a bill for all the time you wasted  // Tragic how someone this sexy has to go through that much.

INT. REFUGEES’ RESETTLEMENT OFFICE - EVENING
La poussière déposée sur la tapisserie délavée ballottait sous les assauts du ventilateur frénétique. Elle passait sous lumière filtrée, se promenait dans mes yeux, m’faisait tirer deux, trois larmes. Rencontrons mon premier américain - bigre, j’étais nerveux. Sa tête dodelinait au rythme de la radio, accompagnée des hanches qui charpentaient son embonpoint proéminent. Cerné de paperasse, j’interceptai le regard agacé qu’il jetait sur l’horloge trônant sur le mur. De tous ces signes, celui qui me frappa au plus fort fut son expression irritée, présageant un lot de problèmes - qui ne seraient pas les siens.

Je prenais place face à lui, soulagé de poser une frontière à mon enfer. Précisément, lors que je franchirai cette porte, tout sera fini. Tout sera fini. A cette pensée un rayon de soleil caressa mes champs de plaies; j’aurais pu tirer un sourire si ce n’était pour la présence du boss final de mon escape game macabre. Le méchant de mes livres scolaires avait le regard baissé sur mes documents, ne daignant pas m’accorder même une œillade. Le temps qu’il se saisisse de ses lunettes j’examinais son visage; rongé par une barbe négligée et rougis par le brandy. Mes chances de rencontrer un esprit éclairé dans les coulisses de cette épave s’amenuisaient. Voilà qui servait mon anxiété. Inconfortable, je changeais d’appuis. Là dessus, mes jambes réalisaient qu’elles devaient me porter seules. Sur cette pensée mon souffle s’abrégea - i’m screwed.

_ So… ses yeux hagards questionnèrent mon faciès, you chinese eh? Silence. Nous échangeâmes un battement de cils, abasourdis. Face à mon silence il soupira très fort, m’invitant à partager ses relents d’éthanol pestilentiels. Haut-le-cœur.

Ses gros doigts encrassèrent ses verres alors qu’ils délogeaient la paire de son nez, et de ce geste deux gouttes de sueurs s’écrasèrent sur mes précieux papiers. Oh ciel... Mes papiers. Il grogne. Essuya la bavure de sa main grasse, froissant, salissant ma vie administrative sans plus d’état d’âmes. Mes ongles mordaient la paume de mes mains et je fermai les yeux: coup de sang dans les tempes. Ce que j’avais fait pour protéger ces papiers dépassait son imagination, dépassait la loi et mes appuis mentaux. Ce que j’avais fait pour ces fout- Listen here, mister.. erm, il se pencha sur la feuille, Se…Seyounghowan Kim, il se racle la gorge sous l’effort, are you giving me an attitude?

Cela méritait un second battement de cils. Puis la vague me renversa l’âme, je réalisais que c’était la dernière fois que j’entendais mon prénom. Vertigo. J’avais envie d’appeler maman, rentrer. Contre mon visage dévasté s’échouèrent des postillons torpillées par son fou rire.

_ With such a name, kiddo, I mean don’t take this the wrong way but no wonders why they’ve thrown you out.

J’ris jaune, dans le top cinq des choses les plus drôles entendues cette année. A charge de revanche, ça avait eu le mérite de me remettre les pieds sur terre. Reprend toi Seunghwan. Son regard inquisiteur consulte mes yeux, et je devinais alors qu’il était aussi mal à l’aise que moi. Serais-je son premier dossier ? Il enchaîna les informations, laissant entendre que je devais ma chance à une marraine bonne fée. Je consulte la tapisserie affreuse, et cela me frappa comme une évidence. Dans la clique des malchanceux, j’étais du côté privilégié de la balance. L’ironie du sort m’avait fait réaliser que le nom Kim Seunghwan était une grâce à l’instant où je m’en séparais.  

Pour conclure, il me tend la carte verte. Ma carte verte. J’observe ma photo flanquée de ma nouvelle identité. Un frisson remonta mon échine alors que je comprenais que ni l’un ni l’autre ne m'était familier.

_ Here; sounds fancy doesn’t it? French inspired, new trend. They’ll love it.

J’suppose qu’à défaut de leur ressembler, il était plus sage d’adopter un nom qu'ils n’auraient pas peur de prononcer. Fixés sur ma carte de séjour américaine, mes yeux consultent mon historique de drama. Face aux choses que j'ai vu et faites. Depuis la corée du nord jusqu'à l'ambassade. Face à la photo d'un maigrichon de treize ans qui m'lorgnait l'air de me demander des comptes. Pour... ça ? A fancy name and plastic card? et un rire fou secoua mon corps tout entier. Mes entrailles s'emèlèrent alors que mes rires hystériques frappaient les murs de la pièce. Quelle blague je suis devenu. Ignorant, mon complice rigole avec moi. You’re welcome, Léonildor.