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keywords le sarcasme au bout de la langue ;; les yeux qui roulent à en tomber ;; poésie de l’âme meurtrie ;; thriving in the dark ;; fille de la nuit ;; la lune comme seconde mère ;; passion vieux bouquins ;; fuite en avant ;; indifférence assumée ;; perte des émotions ;; la petite mort ;; noir c’est noir ;; tranchante comme la lame du rasoir ;; volutes de fumées qui enivrent et délivrent ;; not a single fuck given ;; surface aussi lisse et froide qu’un iceberg ;; l’angoisse latente ;; volcan en sommeil ;; le flegme qui colle à la peau ;; l’appel du vide


caractère on pourrait la surnommer la reine des glaces. pas la version fun et édulcorée à la disney. plutôt la version glaciale, de celle qui font fuir, mortelle au toucher. elle n'aime pas qu’on vienne la déranger, qu’on vienne perturber sa morne existence, cette langueur dans laquelle elle semble se complaire. le sarcasme comme armure, le sourire qui ne vient que rarement se poser sur ses lèvres, sauf lorsqu’il est forcé pour venir appuyer son cynisme, elle aime donner cette impression d’être inatteignable, préserve cette façade désinvolte de celle que rien n’atteint. mais sous la surface se cache la gamine abandonnée, celle qui se meurt de retrouver l’affection de son père, celle qui ne comprend pas qu’on puisse lui accorder la moindre attention, et qui préfère repousser les gens plutôt que de se faire de faux espoirs.

Maman est morte. Elle a cinq ans, ça la percute pas tout de suite quand elle la retrouve sur le canapé dans le salon, la main gracieuse qui tombe mollement, les doigts qui effleurent le sol avec délicatesse, elle est si belle, maman, dans son sommeil qu’elle ne sait pas encore éternel. Elle a toujours eu le sommeil profond, maman, alors Calypso elle se formalise pas, quand elle la secoue avec ses petites mains, qu’elle l’appelle de sa petite voix, et que le corps ne réagit pas. Elle a la peau froide, maman, mais c’est l’hiver alors pour son cerveau d’enfant ça semble logique, elle se contente d’étaler un plaid du mieux qu’elle peut. C’est seulement quand elle voit le visage de son père se décomposer, le sac lui glisser des doigts pour s’écraser sur le sol alors que les larmes remplissent déjà les yeux qu’elle sent que quelque chose ne va pas, que ce n’est pas normal, sans vraiment comprendre pour autant.

Maman, c’était la douceur malgré sa dépression, c’était celle qui mettait son masque solaire pour préserver sa fille de la noirceur du monde, de son monde. Mais elle s’est laissée rattraper par la maladie, et ça a été plus fort qu’elle, elle a pas su résister à l’appel du vide, elle a plongé en laissant une gamine paumée et un homme brisé. Un homme qui a beau aimer sa fille de tout son cœur, mais qui sait pas faire la part des choses entre la mère et la fille, parce qu’elles se ressemblent trop, que le fantôme de l’une se superpose au visage de l’autre, et plus elle grandit, plus c’est douloureux. Alors il l’évite, il fait des heures supplémentaires à s’en tuer, il sort presque tous les soirs, tout pour ne pas se retrouver en tête à tête avec elle. Elle finit par devenir solitaire, Calypso, elle se dit qu’elle a dû faire quelque chose de mal pour qu’il l’ignore de la sorte, que si même son père ne veut pas d’elle, alors elle ne doit pas être normale, mais elle arrive pas à comprendre en quoi. Le sourire qui s’efface pour laisser place à la moue boudeuse, des interrogations plein la tête sans jamais trouver de réponses, ça finit par tourner au vinaigre, l’amertume qui la gagne à un âge où l’on s’attendrait à ce qu’elle s’émerveille de tout et de rien. Les éclairs au fond des prunelles à la place des paillettes, ça dérange, ça fait fuir, ça provoque, mais ça aide pas à se faire des amis.

Maman, il a finit par la remplacer. Et elle a espéré, Calypso, elle a prié pour que ça se passe bien, pour que ça arrange les choses, pour que l’autre apporte la douceur et la chaleur dont elle a tant manqué ces dernières années. Mais ça a été tout l’inverse, le cauchemar à la place du rêve, l’illusion qui explose en mille morceaux… Le déracinement, parce que madame ne supporte pas l’Alaska, déménagement forcé sur la côte est, la nouvelle sœur imposée, nouvelle vie dans laquelle elle ne trouve pas sa place, la gosse, du haut de ses douze ans, et faut dire qu’on ne la lui laisse pas vraiment. Parce qu’elle fait tache, sur les photos de famille, c’est la seule qui sourit pas, c’est la seule qu’est habillée en noir de la tête au pied. Et son caractère introvertie et renfermée, ça plait pas non plus. Le rappel vivant de la mère dépressive qui s’est suicidée, encore moins. Alors elle a essayé, la belle-mère, de la faire disparaître du tableau, de l’envoyer dans un hôpital, quand elle a commencé à montrer des signes d’instabilité psychologique, mais il était réticent, le père. Pas prêt à passer du temps avec sa fille, mais pas prêt à l’envoyer en institution non plus. Puis elle a finit par obtenir ce qu’elle désirait tant quand Calypso a eu l’âge d’entrer à Clayesmore. Elle a eu beau rechigner et freiner des quatre fers, les arguments de l’autre étaient bien trop rationnels pour que le père refuse une telle opportunité pour sa fille. Alors elle y a été. Mais on ne peut pas dire qu’elle fasse le moindre effort pour s’intégrer, depuis son arrivée.