Tu n'es pas du genre à te montrer aussi douce, aussi compréhensive dès le matin, toi le signe du feu, la lionne toujours sur la défensive. Il a su te comprendre en un seul regard, ton réveil, celui qui a de maintes fois apprit à voler et s'écraser avec fracas contre le mur quand tu n'as pas l'envie de quitter la douceur de tes draps. Sa musique aussi voluptueuse soit-elle a le don de te mettre en rogne jusqu’à ce que tu puisses prendre ton petit déjeuner. 「 anecdote 」 T'es une vraie calamité en sport. Faut dire que tu n'es stable que quand tu as les deux pieds sur terre. La dernière fois où tu as tenté une escapade en vtt, tu as très certainement vu la mort au bout de ton guidon, mais par fierté tu n'as rien dit a personne te contentant simplement d'afficher une discrète cicatrice au creux de tes reins. Tu as déjà tout prévu pour le jour où ont te demanderai d'où provient celle-ci.  「 anecdote 」 Toi la douce colombe, la fille pure. Tu as jadis fait une promesse à ta grand-mère que tu tentes de tenir encore aujourd'hui peu importent les tentations auxquelles tu tentes de résister aujourd'hui. Bourrage de crâne ou bien tradition familiale, tu as faits en sorte de rendre ta famille fière de toi en devenant première de la classe, mais surtout en ne fréquentant pas la gent masculine. Famille catholique, tu as eu la mission d'inculquer les mêmes valeurs à ta petite sœur qui fut tout le contraire de toi. Tu ne pourras jamais te remettre de son décès, mais l'idée de griser ton doux plumage blanc pour te sentir réellement vivante te traverse régulièrement l'esprit.「 anecdote 」 La gourmandise est ton premier péché. Tu ne peux t’empêcher de glisser plusieurs fois par jour ta main dans ton paquet de bonbons. Que ce soit par envie, lors d'un moment de stress ou bien la tête plongée dans ton bouquin de mathématiques tu ne sais résister à l'appel du sucre qui a le don de faire frissonner chaque partie de ton corps quand le paquet est terminé.

Chère journal,
Je ne suis pas sûr que mes mots puissent adoucir ma souffrance, mais je me dois de te raconter chaque jour un peu plus à quel point ma petite sœur était une personne exceptionnelle. Un besoin viscéral de coucher mes erreurs du passé sur la froideur de ton papier avec la seule certitude que tu ne pourras jamais me juger. Taylor était si différente, moins prude, plus rebelle que moi. Je ne cesserai jamais d'entendre son rire enfantin par-dessus mon épaule quand elle déclenchait une bataille d'oreiller... Si tu savais comme elle me manque. Depuis sa disparition je ne suis plus rien, ma douleur s'est transformée en une terrible solitude que je tente d'accepter tant bien que mal, mais je ne peux m'ôter l'idée d'être la seule et unique fautive à sa bêtise. Depuis ce jour chaque sonnerie de téléphone me fait sursauter, me délivrant une bouffée d'adrénaline qui brise une fois de plus l'espérance de pouvoir la retrouver. Je suis la seule responsable de sa dérive, de ma tristesse. Toutes mes nuits sont rythmées par d'horribles cauchemars qui me terrifient chaque soir un peu plus. Le goût d'un regret amer au creux de mes lèvres ne semble plus jamais vouloir me quitter. Mon rôle de grande sœur aurait dû me faire intervenir lors de cette soirée où je l'ai vue s'abaisser à des pratiques qui me dégoutent encore aujourd'hui pour un simple cachet, mais jamais je n'aurais imaginé qu'un jour sa vie puisse s'envoler à cause d'une overdose.

Des années que je n'avais pas pris la peine de venir frôler la douceur de ton papier, d'apprécier la matière de ta couverture sous mes doigts. Comme toi je n'ai pas beaucoup changé, mis à part cette cassure qui me suivra jusqu'à mon dernier souffle. Je me suis éloignée de ma famille pour ne pas leur infliger ma peine. Pour disparaitre volontairement dans le dédale des couloirs de l'académie, je vole aujourd'hui de mes propres ailes, moi la douce colombe bien trop sage. J'ai toujours fait en sorte de respecter la promesse faite un soir d'été à ma regrettée grand-mère, celle de ne jamais salir mon doux plumage blanc avec la gent masculine, mais ce soir je regrette cette promesse. Les heures passées le nez plongeait dans un bouquin ne mon pas rendue plus forte, pire encore il mon laissait espérer une vie meilleure. Un conte de fées, rien de plus n'y moins. Je n'ai pas l'étoffe d'une princesse, je ne suis pas ce genre de fille à me contempler des heures devant un miroir pour retoucher mon maquillage. Je ne suis pas tous les jours non plus sur mon trente et un. Je dispose simplement de cette candeur au naturel qui me colle parfaitement à la peau, la douce maxyne, le cœur toujours sur la main prête à aider son prochain. Personne ne s'attend à ce que je puisse moi aussi un jour défaillir, sortir de ma zone de confort pour tester mes limites.

Cette nuit là, je me suis trouvé un nouveau combat, une nouvelle mission. Je ne me dirigeai pas vers des études de psychologie, mais je me suis promis de le faire pour Taylor. J'aurais aimé que quelqu'un puisse venir l'aider, puisse accomplir ce que je n'ai pas eu le courage de faire. Déterminée à poursuivre ce chemin, il m'aura suffi d'une simple lettre détaillée de divers parties de ma vie pour obtenir le poste de stagiaire assistante de la psychologue chez les narcotiques anonymes. Un poste aux nombreuses responsabilités, mais cette fois-ci je me sens prête à relever brillamment ce nouveau défi. Une nouvelle corde à mon arc, une nouvelle ligne à inscrire sur mon Cv qui risque de m'ouvrir beaucoup de porte, mais je ne fais pas cela pour la gloire. Sauver des vies pourrait peut-être me permettre de reprendre le contrôle de la mienne et accepter plus facilement mon passé. Il me reste une dernière chose à te confier pour ce soir. Je pense avoirs fait le tour de mes pensées, mais comment pourrais-je clore mon passage sans aborder le sujet Levi. Je n'ai pas l'habitude de perdre mon temps en écrivent sur la gent masculine, mais ce soir la nouvelle version de Maxyne 2.0 est sur le point de voir le jour.

Il m'est difficile de cacher mon ressenti face à la drogue. Cette merde qui m'a privée de tant de chose. J'ai beau aimer ma sœur du plus profond de mon âme, je la déteste aussi. Sentiment contradictoire qui me dépasse totalement, je lui en veux d'être tombé si facilement dans cet engrenage. On m'a toujours dit qu'un deuil ce déroulé en plusieurs étapes, mais sincèrement je n'en vois plus vraiment la fin... Difficile pour moi de cacher cette aversion lors de ma toute première réunion en tant que stagiaire. Le sourire présent sur mes lèvres pour donner une bonne impression ne fut pas à mon avantage. Je me suis senti totalement ignorée, non prise au sérieux, certainement la plus mauvaise expérience de ma vie, mais je ne compte pas m'arrêter à cet échec. Puis il y a Levi. Difficile de décrire son côté arrogant, cette manie qu'il a de me faire vibrer le myocarde tout en m'énervant. Il m'exaspère par les manières qu'il a de se comporter mais au fond il est l'un des rares a pouvoir me permettre de casser cette image de fille à papa qui me suit depuis des années.