「 t w o 」  Celui qui a dit que les jumeaux étaient similaires et vivaient à travers l’autre… Est un con. Un enfant unique qui a fait des tests sur des jumeaux randoms sans intérêt et qui a décidé, de lui-même que, parce qu’ils sortaient du même endroit, à quelques minutes d’intervalles, se devaient d’être identiques. On lui a pas demandé, s’il voulait d’une sœur, Elior, encore moins d’une jumelle. On lui demande jamais ce que ça fait, d’être l’aîné. Parce qu’il n’existe que dans l’ombre d’une autre qu’il a cordialement appris à détester. Et sans laquelle il ne peut malheureusement pas exister. Dans son malheur qui le poursuit, il aurait aimé ne rien ressentir, de ce lien distordu et merdique qui pend entre elle et lui. De cette ressemblance, somme toute physique qui fait que, oui, on peut dire qu’ils viennent du même œuf, et que le fraternel ne se résume pas à un nom de famille partagé. Il est deux et le regrette, le renie. En suffoque tant il en a besoin, ne parvient pas à vivre sans même s’il prétend le contraire. Qu’il serait capable de la tuer, quand il y pense, dans ses heures mauvaises de délires psychotiques, de l’étrangler, pour le plaisir de la savoir à lui, et rien qu’à lui. La sentir, vraiment, résonner dans le fond des tripes, comme des vrais jumeaux.
Ce qu’ils sont. Et ne sont pas tout à la fois

「 narciss is perv 」 Façon classe de dire qu’il a un problème, encore un. Belle gueule et Narcisse finit, il est beau, le sait, en use, en abuse. Présente bien, petit aristo avec ce charme d’outre -Manche qui fait envie. On lui donnerait du thé dans le fond des mains pour qu’il le lèche sans sourciller, gamelle de paumes pour le cabot. Il séduirait la mémé du quartier pour un peu qu’elle lui offre son sourire édenté et tremblotte dans sa vieille carne, poussée par le souvenir évaporée d’un plaisir de pucelle. On lui dit qu’il est riche, il s’en fout. On lui dit qu’il peut tout faire, il s’en moque. On lui dit qu’il est beau, qu’on le veut, il s’emballe et offrira son plus beau sourire de séducteur. Charlatan des cœurs, ceux qu’il bouffe avec ardeur pour oublier que le sien, pourra un jour s’arrêter juste parce que le muscle aura eu la flemme de battre, devenu trop raide. On lui dit qu’il est privilégié, il l’est, dans ses choix et ses décisions, ces fréquentations qu’il trie, qu’il choisit, comme on choisirait un chocolat dans une boite pour Noël. Fine bouche pour ceux qui partagent son cercle, l’intime surtout. Le loup ne veut pas de puces autour de lui, encore moins dans son lit, seulement le meilleur.

「 crippled 」 Ca a commencé par des pas mal assurés d’un gosse sachant pourtant marcher depuis longtemps. De difficultés à monter les escaliers, se casser la gueule en essayant de les descendre. Ca a continué avec une démarche maladroite qu’il a appris à contrôler pour se donner un genre. Ca c’est terminé dans trois pauvres lettres qui lui sont tombées sur la gueule, et celles de ses parents : DMB. Pas une insulte, il aurait aimé. Une maladie, cadeau génétique qu’il a été le seul à ouvrir. Dystrophie musculaire de Becker, pauvre mec, qui le bouffe de l’intérieur. Faiblesses dans les pattes, le loup fragile qui s’épuise. A besoin d’aide, parfois, souvent, mais la refuse. Se débrouille seul, en solitaire qui mord les mains qui se veulent bienfaisantes. Parano au cercueil à renfort d’aller vous faire foutre qui blesse, lui surtout, lorsqu’il réalise qu’il va finir dépendant de ces autres qu’il utilise en jouets. Grand méchant loup en louveteau à porter, d’un coin à l’autre pour l’y poser. Plutôt crever. Mais il fatigue Elior, trop vite. N’est pas sportif, aimerait, mais ne peut pas. Surveillé, par toubibs et kinés, pour être sûrs que ça va, qu’il tient la route.

「 socio is psycho 」 Aime pas le monde. Aime les gens. Oscille entre deux, le besoin presque symptomatique de détruire, d’attirer l’attention, d’utiliser, de briller et de casser ensuite. Il aime être seul autant qu’il a besoin d’être entouré. Ne supporte pas qu’on le touche mais adore quand des mains se glissent sur sa peau. Bourré de contradictions, aussi malade dans sa tête qu’il l’est dans son corps, on pourrait lui coller pleins d’étiquettes de troubles et autres délires psychologiques qu’un bon psy marquerait avec son joli stylo dans son cahier hors de prix. Sociopathe certain, pas avéré mais facile à deviner. Manque d’empathie, parfois. Agressif pour le plaisir d’être violent et avec le sourire. Incapable de s’engager, pas envie, n’y arrive juste pas. Instable en équilibre sur un fil élastique, il aime à manipuler, le fait avec élégance, toujours. Il a l’avantage de bien présenter, d’être un beau parleur et bon menteur. Maman n’a jamais remarqué que son fils déconne, de toute façon, personne ne fait attention, il pourrait assassiner les voisins que tous les yeux seraient braqués ailleurs. Pas de psy pour lui, non, Elior est sain, tout va bien. Si seulement.

「 be the lion in rebellion 」 C'est partit d'un joint, offert par un de ces prétendus amis triés sur le volet. D'un bien fou qui a ruiné la pureté fausse de son corps. Endormi les douleurs dans ses pattes. En habitude devenue plus régulière, couplée parfois à quelques cachets qu'il prend plaisir à laisser fondre sur sa langue, en partage avec celles de ses partenaires de passage. Le jumeau de l'ombre qui s'y enfonce un peu plus, à ne pas remarquer les pupilles dilatées et le sourire plus béat que d'habitude, le loup au museau dans la poudreuse pour s'y faire exploser les neurones cache merveilleusement bien son jeu. Ca a continué avec une oreille qui se perce, pour la beauté de la rébellion, Maman n'a pas aimé, lui a adoré la faire chier. Ca se noie dans l'alcool, qu'il tient bien, trop bien. Jamais ivre, à peine un mal de tête léger en retour de soirée. La vérité c'est qu'il a déjà fini totalement purgé derrière un bâtiment du campus, jambes pétrifiées, vomis frais en uniforme et nuit dehors. Il préfère oublier, comme on a oublié qu'il n'était pas rentré cette fois là. Fait faussement attention depuis. C'est un atome de tout ce qui est mauvais, mais qui fait du bien, Elior. Puisqu'il est condamné, autant vivre sa vie bousillée avec excès, de la plus brutale des façons.

「 f r a g i l e 」 Difficile à dire en le voyant, avec sa belle gueule et sa suffisance de môme privilège, mais il est cassé. Pas seulement physiquement, mais moralement. Fragilisé de douleurs fantômes qui lui collent aux basques et dont il ne peut pas se défaire. Sa paranoïa est un morceau de ce qu'il se traîne, les dents qui claquent et les nuits solitaires passées à pleurer. Ca lui arrive moins, mais parfois le cœur trop lourd explose, se purge de ses souffrances pour mieux repartir, faire encore un petit bout de chemin avant de se vider de nouveau en torrent de sel sur ses joues creuses. Il a besoin du monde, de tous, mais le refuse. S'échine à courir dans du vent, à chercher de l'attention, la trouver chez les mauvaises personnes quand celles qu'il entend appeler l'ignorent. Hurle dans le néant. Il suffirait d'un rien pour le casser Elior, maison de paille balancée au vent de ses faiblesses qu'il planque comme le font les loups pour éviter de se faire bouffer. Plus il montre les dents, plus il se protège.