「 ๐ 」Sonnie déteste son père. Il ne l’a pas toujours détesté. Il était son héros, lorsqu’il était petit et qu’il clamait encore, du haut de ses épaules, qu’il voulait devenir comme lui, lorsqu’il serait grand. Sonnie aimait marcher à côté de lui et voir ses employés s’arrêter de parler, s’écarter sur son passage, ou encore baisser la tête en signe de respect. Il ne savait pas encore qu’ils avaient peur de Lacey Ripley, de son intransigeance, de son caractère impitoyable, et que ceux qui osaient s’opposer à son règne de terreur finissait escortés par la sécurité. Il fut un temps où Sonnie adulait son père, lorsqu’il était encore crédule et candide. Mais Lacey Ripley est loin d’être le héros qu’il pensait. Peut-être a-t-il commencé à le détester, un peu, lorsqu’il a compris qu’il était la cause des larmes de sa mère ? Elle aussi l’adulait, encore aujourd’hui, sans que Sonnie puisse la comprendre. Peut-être était-ce lorsqu’il avait compris que son père accumulait les frasques et que son empire ne tenait qu’à des pots-de-vin et des mensonges. Il ne sait plus vraiment quand sa haine est née ; mais aujourd’hui, elle est là, en lui, et il ne peut l’ignorer. Mais sa mère lui a fait promettre une chose : de faire tout ce qu’il lui demanderait de faire. D’être un bon fils. Alors c’est ce qu’il s’efforce de faire : être un bon fils, même si cela ne fait aucun sens.
「 ๑ 」 Il n’y a que sa mère qui compte pour lui. Manow Wattanasin, une thaïlandaise issue d’une famille richissime, qui a capté l’attention de Lacey Ripley et qui en a fait son trophée exotique. C’est ainsi qu’il en parlait. C’est dans ces termes que Sonnie l’a entendu la surnommer. Il ne sait pas pendant combien de temps son père l’a aimée. Il ne sait pas quand il l’a remplacée, sans pour autant s’en séparer – il n’aurait tiré aucun bénéfice d’un divorce. Sa mère est tout pour lui. Elle lui a transmis sa passion pour la cuisine. Elle lui a transmis ses croyances bouddhistes – la seule chose qu’elle n’a pas pu abandonnée, par amour pour son mari. Elle lui a donné tout l’amour que son père ne lui a jamais montré. Si, à l’extérieur, il n’est qu’une copie de son père, un homme arrogant, dédaigneux et froid, au fond de lui, Sonnie n’est que le fils de sa mère, un garçon au cœur débordant de bonté, qui n’a envie que de profiter des choses simples de la vie.
「 ๒ 」 Lorsqu’il est à New York, quelques uns de ses entraînements de natation sont en réalité un prétexte pour rejoindre ses amis, ceux que son père ne lui a pas imposés, ceux dont l’existence lui est inconnue. Avec eux, Sonnie s’ouvre, Sonnie se réveille, il sourit, il rit, il devient le gamin de dix-sept ans qu’il voudrait être, plein d’insouciance et d’espièglerie. Il parle de ses rêves, ceux qu’il partage avec sa mère, ceux qui lui feraient épouser ses origines maternelles, celles que son père considère comme accessoires.
「 ๓ 」 Sonnie méprise ce monde élitiste dans lequel il évolue. Il n’avait aucune envie de rejoindre Clayesmore, mais quel choix avait-il ? « You’re gonna fit just right in. And don’t worry, I'll make sure you join Cromwell House », lui a dit son père. Sa mère, elle, lui a murmuré ses mots, en l’enlaçant le jour où il partait pour Glendale : « Don’t be unfair ». Elle sait que Sonnie a tendance à juger trop vite. Elle sait que son fils n’accorde sa confiance qu’à peu de personne et, une fois sa confiance trahie, elle sait qu’il n’accorde jamais de seconde chance.
「 ๔ 」Son père a été arrêté pendant l’été. Les comptes de l’entreprise familiale – nutriient, un business dans l’agroalimentaire – ont été gelés, ainsi que ceux de son père. Des images de Lacey Ripley ont tourné pendant plusieurs jours dans les chaînes d’info en continue. Un homme aux traits tirés, les mains menottées, partiellement dissimulées sous une veste de costume froissée. Depuis, sa mère emploie toute son énergie à tenter de sauver ce qu’elle peut sauver, malgré les charges accablantes. Son père a été libéré sous caution juste avant que Sonnie ne commence sa quatrième année. Sa mère lui a demandé de retourner à Clayesmore et c’est ce qu’il a fait, la tête toujours haute.

avis sur l'académie clayesmore — son père a choisi clayesmore pour son fils, parce qu’il a lui même fréquenté l’académie. sonnie n’a pas eu son mot à dire, comme dans la majorité des décisions qui le concernent. « it’s the best place for people like us », lui a dit son père. il était inimaginable qu’il intègre une école publique, comme il le désirait, même si, vainement, naïvement, sonnie avait espéré que la question se pose. il s’est plié à la volonté de son père, docilement, comme à chaque fois. clayesmore est tout ce qu’il avait imaginé ; il ne déteste pas l’académie, il ne l’apprécie pas non plus, il y est parce que c’est ce qu’on attend de lui, et il joue le jeu, parce qu’il ne veut pas décevoir sa mère.
matière préférée — sonnie aime l’imprévu, il aime être surpris, il aime rester bouche bée face à une situation qu’il n’avait pas imaginé et être à court de mots. mais sonnie aime également l’ordre et la logique des choses ; c’est pour cela qu’il aime les mathématiques. qu’importe le chemin emprunté, il n’y a qu’une solution à un problème donné.
matière redoutée — il s’implique totalement, dans tout ce qu’il fait, parce qu’il déteste l’échec et l’attention qui l’accompagne. s’il doit passer des heures à tenter de maîtriser quelque chose, il le fera. mais cette discipline, qu’il s’est toujours imposé, sonnie n’arrive pas à l’employer autant qu’il le devrait lorsqu’il s’agit des cours de bienséances qu’il doit suivre en tant que membre de cromwell house.
dernière sanction — il n'en a jamais eu.
loisirs et activités extrascolaires — il épuise la totalité de son temps libre à nager, quelque fois jusqu’au couvre-feu, parce qu’il ne connaît pas une meilleure sensation que celle d’être dans l’eau. lorsqu’il est à new york, et dès qu’il en a la possibilité, sonnie cuisine pour ses amis et pour sa mère. la cuisine n’est qu’une passion, et dans son monde, elle ne pourra rester qu’une passion. si sonnie n’avait pas son destin déjà tracée devant lui, il accomplirait le rêve de sa mère, qui est devenu le sien : il ouvrirait son restaurant.
comment êtes-vous à la veille de vos examens ? — prêt. échouer n’est pas une phobie, mais échouer est synonyme d’ennuis, échouer est synonyme d’une conversation avec son père, en tête à tête dans son bureau. sonnie ne veut pas donner une bonne raison à son père de lui faire la leçon ; alors il prépare chaque examen, en prenant tout le temps qu’il lui faut.
on vous propose d'aller faire la fête, mais vous avez un projet à rendre le lendemain... que faites-vous ? — sonnie déteste procrastiner, il n’attend jamais le dernier jour pour préparer ce qu’il a à faire ; son projet sera prêt, et il le serait depuis plusieurs jours déjà. mais il n’aura aucune envie d’aller à cette fête, sauf s’il a promis à quelqu’un qu’il l’accompagnerait ou si elle est organisée par un membre de sa maison.
vous devez travailler avec des personnes que vous n'appréciez pas. comment réagissez-vous ? — sonnie ne montre pas ce qu’il ressent. son visage est inexpressif, la plupart du temps ; il essaie, au possible, de résister à lever les yeux au ciel, de laisse transparaître son agacement, son dédain, son inimitié. il restera indifférent, et il fera le travail qui lui est demandé, sans ciller. c’est ce qu’il fait avec son père : il le déteste, au point de non retour, mais il continue à lui sourire et à suivre la direction qu’il lui indique, en réprimant la rébellion qui brûle en lui.
appréciation générale de votre dernier bulletin — « sonnie distinguished himself as a brilliant student. he is always working very hard and shows interest in every course subject. he is respectful, self-disciplined and doesn’t lack in manners. »

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